À la maison...
- « C'est encore majoritairement l'écran cathodique (85%) qui est utilisé, devant l'écran plat, plasma ou LCD (22%). »
- « En règle générale, plus le niveau d'éducation est élevé et moins on regardera quotidiennement la TV. »
- « En 2007, 60% des francophones écoutent la radio tous les jours ou presque, soit 5% de plus qu'en 1985. »
- « Un francophone sur trois (35%) n'utilise jamais d'ordinateur, il n'en possède pas chez lui et n'en utilise pas ailleurs non plus. »
On le voit déjà à travers ces quelques chiffres, l'étude pose un cadre intéressant pour saisir « ce que font » les gens lors de leurs temps libres – ou plus exactement « ce qu'ils disent qu'ils font » – et « ce qu'ils ne sont pas » en mesure de faire. Ces constats amènent à concevoir des politiques concrètes telles qu'un programme d'équipement informatique des ménages ou une politique d'aménagement des espaces verts en milieu urbain. En cela, le rapport ouvre de nombreuses voies d'actions et de réflexions.
Par ailleurs, un graphique intéressant du rapport nous permet de nous faire une idée de l'évolution historique de la conception du loisir en Communauté française de Belgique :
Définition des loisirs en termes de fonctionnement3 :

![Fotolia 2255171 XS[1]. Fotolia 2255171 XS[1]](upload/docs/image/jpeg/2010-07/fotolia_2255171_xs1.jpg)
L'étude présente assez clairement ce constat. Malheureusement, le rapport accorde peu de place aux pratiques culturelles « actives » telles que, par exemple, les arts amateurs. Quelques données sont fournies concernant la pratique d'un instrument de musique4. Le théâtre, la peinture, la sculpture, la danse et autres activités artistiques pratiquées en amateurs ne sont pas répertoriées sous une catégorie en tant que telle.
L'ouverture de la catégorie « culture » aux activités de shopping, de karaoké, de sorties en discothèques, ou encore de réunions de parents d'élèves et d'engagement bénévole ne devrait pas, nous semble-t-il, évincer l'intérêt pour l'étude de pratiques plus spécifiquement artistiques. Par ailleurs, le graphique repris ci-dessus attise notre curiosité vers les contenus d'une démarche artistique participative : quelle est-elle ? quand se déroule-t-elle (sa temporalité) avec qui ? en quels lieux ? L'activité de loisir serait ainsi saisie dans une perspective moins consumériste et plus productiviste, faisant peut-être du temps libre un temps de services où peuvent se déployer les caractéristiques d'un programme de « démocratie culturelle ».
Le rapport du CRISP remet donc enfin de la lumière sur une réalité finalement peu explorée. Au passage, il permet d'identifier des zones sombres que des études ultérieures (et peut-être plus qualitatives) devront venir éclairer.
Rachel Brahy
Juin 2010

RachelBrahy est sociologue et actuellement assistante à l'Institut des Sciences Humaines et Sociales. Elle prépare une thèse en sciences politiques et sociales sur le théâtre d'intervention.
3 Graphique issus du Courrier hebdomadaire« Pratiques et consommation culturelles en Communauté française »,Michel Guérin, CRISP, 2009, p. 15 4 L'étude nous apprend ainsi que lesinstruments les plus pratiqués restent, comme en 1985, le piano, la guitare etla flûte.