Essais
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Jonathan Littell, Tchétchénie, An III (Folio documents)

Un reportage de 100 pages sur la Tchétchénie où je retrouve tout ce qui a fait pour moi le prix des Bienveillantes : un récit archi documenté, des personnages diaboliques et un sens aigu de la représentation géographique. (Sémir Badir)

 

 

 

 

 

petrucci

Armando Petrucci, Scrivere lettere.
Una storia plurimillenaria
(Éd. Laterza)

Voyage à travers cinq millénaires, Scrivere lettere du paléographe Armando Petrucci brasse l'histoire des échanges épistolaires depuis l'antiquité. Au fur et à mesure que le lecteur parcourt ces pages, il ne peut s'empêcher de remarquer avec l'auteur une certaine constance dans le graphisme, dans la mise en page, dans les formules d'adresse à un destinataire. « Petrucci propose des illustrations, des documents provenant  de l'époque hellénistique, par exemple, qui attestent d'une évolution des supports. Les lettres sont au fur et à mesure gravées sur des tablettes de plomb, puis sur du papyrus, ensuite sur parchemin. Mais dès l'époque romaine, la mise en page présente des caractéristiques restées sans grand changement jusqu'aujourd'hui. »

« Le livre se termine par des constatations plutôt pessimistes. Selon Petrucci, notre civilisation a interrompu cette histoire plurimillénaire de l'écriture épistolaire sur support matériel, les communications privées étant réduites aux SMS ou aux emails. » Paola Moreno ne partage pas cet avis. Le fait de ne pas avoir un support matériel n'empêchera pas selon elle les gens de s'échanger des messages par écrit. « Un livre sur des lettres écrites par des soldats en Irak vient par exemple d'être publié ». L'intérêt pour l'épistolographie reste vivace. Du reste, elle trouve l'ouvrage de Petrucci passionnant. « Ce livre est un parcours à travers plusieurs siècles, plusieurs langues, plusieurs  pratiques d'écriture. En parallèle, il montre comment cette extrême diversité se montre en définitive homogène, stable. C'est probablement le genre 'littéraire' qui reste le plus constant dans l'histoire de notre civilisation. Ce qu'il y a de très agréable également, c'est que l'ouvrage reste très accessible. Il se lit comme un roman, comme une histoire, car Petrucci pratique savamment l'art du récit. » (Paola Moreno [propos recueillis par Ph. Lecrenier])

 

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Bernard Sève, De haut en bas. Philosophie des listes (Seuil)

Rien ne semble plus simple et plus anodin qu'une liste, depuis celle qui nous aide à faire nos courses jusqu'à ces listes officielles que sont les répertoires les plus divers de noms. Avec beaucoup d'esprit et dans un style alerte, Bernard Sève nous explique que ce mode d'expression qu'est la liste et qui est largement dépourvu de syntaxe ne manque ni de ressources ni d'aspects singuliers. Il va ainsi parler avec bonheur de ces cas intéressants que sont « l'intrus de la liste » et «  l'absent de la liste ». Pour ce qui est de l'intrus, songeons au fameux « Inventaire » de Prévert et à ses ratons laveurs. Quant à l'absent, il correspond à ce sentiment que quiconque éprouve immanquablement :  j'ai forcément oublié quelqu'un ou quelque chose dans le relevé que je viens de faire. Sève définit encore avec beaucoup d'ingéniosité ce qu'il appelle une « allure de liste. » Bref, les listes sont partout dans nos existences et y prennent des valeurs fort diverses.  (Jacques Dubois)

 

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Olivier Smolders, Voyage autour de ma chambre (Les Impressions Nouvelles)

Olivier Smolders, qui est un collègue puisqu'il enseigne à l'ULG dans notre Master en Arts du spectacle, est un cinéaste singulier, étonnant et fascinant qui se double d'un écrivain à la langue précise, stylée et rythmée. Je connaissais et appréciais ses essais, vifs, drôles et intelligents (Eraserhead, Expérience de la bêtise, Éloge de la pornographie...), mais je ne m'attendais pas à être aussi fortement ému par Voyage autour de ma chambre qui est une sorte de carnet intime, composé de nombreux fragments écrits parallèlement à la réalisation de l'un de ses derniers courts métrages (qui porte le même titre).

Smolders y interroge les puissances de l'image (notamment au travers d'un dialogue avec les photos de Jean-François Spricigo), son rapport aux arts, au cinéma et aux souvenirs. Au centre du texte se trouve d'ailleurs un récit autobiographique, rapportant les aléas et le destin d'une amitié d'enfance avec un certain Pierre. Ces pages sont tout simplement bouleversantes. Elles comptent parmi les plus belles jamais lues sur le monde de l'enfance et sur la manière dont les amitiés se plient pour ne pas se rompre lorsque l'adolescence et l'âge adulte nous éloignent de l'évidence indicible de ce que nous rêvions d'être.  (Dick Tomasovic)

 
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Henri Van Lier, Anthropogénie, (Impressions Nouvelles)

Gros volume d'un millier de pages bien tassées,  Anthropogénie est une œuvre totale traversant l'homme de part en part, des pieds à la tête, des silex taillés à Internet. Bien que ce ne soit pas un roman, on y sent le chatoiement d'un univers : le nôtre. (Sémir Badir)

 

 

 

 

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