Omnibus
Par son éclectisme, la collection Omnibus, qui appartient au groupe Place des Éditeurs (filiale d'Éditis) ressemble à Bouquins. S'y côtoient, à côté de Simenon et des nombreux ouvrages consacrés au père de Maigret, notamment par Michel Carly, des romanciers français et étrangers ainsi des ouvrages très divers.
« Le grand avantage d'être humoriste est que votre métier vous autorise à tout dire, et sur tout le monde. » Ces paroles signées François Rivière – encore lui – accompagnent le troisième et dernier tome des romans Penham Grenville Wodehouse (1881-1975) où apparaît Jeeves. Ce personnage aussi impassible que flegmatique, mais qui n'en pense pas moins, est le majordome de Bertie, jeune aristocrate anglais oisif et célibataire qu'il parvient à toujours sortir des situations inextricables dans lesquelles il a le don de s'empêtrer. A la décharge de ce trop gentil garçon, il faut reconnaître que l'insupportable Tante Agathe n'est pas un cadeau. Jeeves merci ! reprend huit histoires, dont la toute première, Bertie à la rescousse, écrite en 1916 et jamais traduite en français, ainsi que l'ultime, Jeeves fait campagne, parue un an avant la mort de son auteur alors âgé de 93 ans.
Mr. Ashenden et autre nouvelles réunit nonante-deux nouvelles de l'auteur anglais William Somerset Maugham (1874-1965) publiées dans quatre recueils : Les Trois Grosses Dames d'Antibes, Madame la Colonelle, Mr. Ashenden, agent secret et Les Quatre Hollandais. Né à l'ambassade britannique de Paris, cet écrivain cosmopolite a suivi des études de médecine avant de se consacrer à la littérature. Dans un style classique, il dépeint, non sans un humour parfois féroce, la bourgeoise anglaise de son temps, ce qui donne à ses textes un aspect désuet mais plein de charme. Ses nouvelles, qu'elle que soit leur longueur, reposent d'abord sur des personnages dont la psychologie est subtilement étudiée et décrite.
Mark Twain, Dostoïevski et Jules Verne figurent également dans cette collection. L'Américain, à l'occasion du centenaire de sa mort (le 21 avril 1910), s'y retrouve avec l'intégrale de ses soixante nouvelles – dont dix-neuf inédites en français – rassemblées sous le titre Le Rapt de l'éléphant blanc. On découvre, dans ces textes écrits à partir de 1865, comment l'auteur de Tom Sawyer y laisse libre cours à son goût de l'absurde et à son humour loufoque, s'en prenant au puritanisme d'une époque qui ne le prise guère. De l'écrivain russe, nous sommes invités à (re)lire ses deux derniers grands romans, Les Possédés et Les Frères Karamazov, tous deux inspirés de faits réels et empreints de souvenirs de leur auteur. A noter, dans Les Possédés, la présence de La confession de Stavroguine, aveu du viol d'une petite fille, absente de certaines éditions. Du romancier français, enfin, sont regroupés les romans des îles. Soit, en plus de L'île mystérieuse, les moins connus Seconde Patrie, L'Ecole des Robinsons et L'île à hélice, où ces bouts de terre perdus en mer apparaissent tour à tour inquiétants, initiatiques, nourriciers oud délirants.

Pour célébrer l'Appel du 18 juin, Omnibus se lancent dans un entreprise formidable, Les Français parlent aux Français, dont paraît le premier tome (sur trois prévus) consacré aux années 1940-41 et dont la préface est signée par un combattant de la France Libre, Jean-Louis Crémieux-Brilhac (né en 1917). C'est le 19 juin que naît officiellement sur les ondes de la BBC une nouvelle émission quotidienne en français « qui s'en ira chaque soir porter dans les demeures françaises les paroles de vérité » déclare Yves Morvan dans sa première allocution. Au fil de ses pages, qui reprennent la totalité des bulletins et messages diffuses jour après jour, on croise de Gaulle, Raymond Aron, Maurice Schumann, Georges Boris, René Cassin et d'autres « anonymes », telle une infirmière belge. Avec ce premier volume est offert un livret illustré, La Bataille de Radio Londres, qui raconte cette magnifique aventure.