Thesaurus


C'est principalement dans son catalogue que puise Actes Sud pour alimenter sa collection de « super poches » hélas dépourvue de préfaces ou d'appareils critiques. Y figurent en effet Paul Auster, Michel Tremblay, Didier-Georges Gabily, Don DeLillo, Nina Berberova, Rezvani ou Russel Banks.
En même temps que paraissait son nouveau roman, Les femmes du braconnier, la trop méconnue Claude Pujade-Renaud a vu une partie de son œuvre regroupées dans un volume de Thesaurus. De son premier recueil, Les Enfants des autres (1985), au roman Le Jardin forteresse (2004), en passant par d'autres nouvelles (Vous êtes toute seule, Un si joli petit livre) et d'autres romans (Belle-mère, Platon était malade), cet ouvrage offre un riche panorama de son splendide parcours littéraire. On y trouve aussi des traces de sa première passion, la danse, discipline qu'elle a enseignée, dans La Danse océane et Marthe ou le mensonge du mouvement.
Hubert Nyssen, fondateur de la maison arlésienne à la fin des années 1970, et dont les archives ont été léguées à l'ULg, est aussi romancier, et c'est donc tout naturellement qu'il a sa place dans cette collection. Le premier tome de ses œuvres complètes réuni ses cinq premiers romans parus entre 1973 et 1985 (et quasiment tous primés) : Le nom de l'arbre, La mer traversée, Des arbres dans la tête, Eléonore à Dresde et Les rois borgnes. Dans celui-ci, Nyssen s'amuse à camper un personnage, Galien, qui lit «trois fois les livres avant d'en parler, la première pour se délivrer de l'anecdote, la deuxième pour les besoins de l'analyse, la troisième pour jouir de la plénitude de l'écriture». Il existe une réelle parenté entre ces cinq livres qui permettent à leur auteur, sous couverts de personnages fictifs, de faire le point sur lui-même entre 50 et 60 ans.


Deux autres véritables piliers d'Actes Sud, qui reflètent la diversité et la richesse de son catalogue, son ouverture à toutes les littératures, viennent également d'entrer dans Thesaurus : la Japonaise Yoko Ogawa, avec une douzaine de romans de longueurs variables (et notamment ces brefs épures que sont La Piscine, Les Abeilles et La Grossesse), et Per Olov Enquist (dont viennent de paraître les mémoires), avec cinq œuvres très représentatives de son travail : Le Cinquième Hiver du magnétiseur, Hess, Le Départ des musiciens, Le Second, L'Ange déchu et, surtout, La Bibliothèque du capitaine Nemo.
Opus

Créée en 2008, la collection Opus du Seuil ne compte encore qu'une poignée de titres (Jean-Pierre Vernant, Edgard Morin, Patrick Grainville). Le volume consacré à Tahar Ben Jelloun, désormais passé chez Gallimard, comprend cinq romans importants de cet auteur franco-marocain, de La Prière de l'Absent (1981) à La Nuit de l'erreur (1997), en passant par L'Enfant de sable (1985), son Prix Goncourt La Nuit sacrée (1987) et Les Yeux baissés (1991). « Cet ouvrage est une maison, une demeure pour des histoires qui se déroulent comme un vieux parchemin par une nuit d'été où le lecteur est un voyageur arpentant des contrées étranges ou du moins étrangères », écrit l'Académicien Goncourt dans sa préface où il se souvient comment sont nées et se sont imposées certaines de ces histoires. Celles-ci sont reliées entre elle par un même fil, son «obsession» de parler de la condition de la femme dans son pays, lui qui a vu les femmes de sa famille « souffrir d'un manque de reconnaissance et de considération dans un ordre quasi naturel, celui de la tradition immuable, injuste et irréformable ».
Michel Paquot
Juin 2010

Michel Paquot est journaliste indépendant