Essai

François Dufay, Le soufre et le moisi
Déjà auteur du Voyage d'automne, récit du séjour effectué en Allemagne par une poignée d'écrivains (Drieu, Brasillach, Chardonne, Jouhandeau) en octobre 1941, François Dufay se penche sur la droite littéraire de la Libération à Mai 68. Et principalement sur deux de ses figures, Paul Morand et Jacques Chardonne. Il retrace leur évolution au cours de cette époque – le premier se présentant par exemple à l'Académie française, le second se faisant plus discret –, et la manière dont de jeunes écrivains menés par Roger Nimier tentent de les remettre sur la scène littéraire française. Ce groupe composé de Michel Déon, François Nourissier, Jacques Laurent ou Antoine Blondin, farouchement anti-sartriens, deviennent les Hussard sous la plume de leur « cousin de gauche » Bernard Frank, alors secrétaire de Sartre (avec qui il se brouillera ensuite). Dans ce morceau d'histoire littéraire très bien raconté, on croise aussi Matthieu Galey ou... Patrick Modiano, lauréat du Prix Nimier en 1968 pour son premier roman, La Place de l'étoile. (Tempus)

Louis Gillet, Stèle pour James Joyce
« Ulysse est un de ces mastodontes qui entrent dans la gloire comme un tank : jamais auteur n'avait jeté à la tête du public une si grande montagne de papier. » L'homme qui écrit ses paroles, Louis Gillet (1876-1943), est celui qui a fait découvrir l'œuvre majeure de James Joyce grâce à un article paru dans La Revue des Deux Mondes en août 1925. Il y met à plat ce roman insaisissable – « si on peut appeler roman cette composition singulière » – sans jamais l'affadir mais, au contraire, en pointant ses richesses et sa singularité, offrant ainsi au lecteur différentes clés pour y pénétrer. Ce recueil reprend ce texte avec quatre autres consacrés à l'écrivain irlandais ou à Finnegan's Wake. Le dernier, écrit en 1941, évoque leurs différentes rencontres. (Pocket)
Juin 2010

Michel Paquot est journaliste indépendant