Le DVD, que, pour ma part, j'ai consulté sur PC - il en existe une seconde version à visionner sur écran de télévision -, convie le spectateur à un double périple dans la ville de Liège du 12^e siècle, une ville reconstituée, de façon largement hypothétique, à coup de centaines d'images de synthèse en 3D. D'une part il est invité à suivre un jeune garçon et son oncle, qui se promènent dans les rues de Liège, d'autre part il lui est permis de procéder lui-même, comme il le souhaite, selon un outil informatique qui se veut maniable et interactif, à diverses pérégrinations dans la ville.

Lorsqu'il se plonge dans le passé liégeois révélé par cet outil informatique, le spectateur est amené à prendre connaissance d'un ensemble d'informations historiques et archéologiques. Le DVD débute par une introduction historique ; le périple de l'oncle et du neveu est émaillé, de la part du premier, d'un certain nombre de considérations sur la ville, son édification, son fonctionnement, l'érection des églises, etc. ; dans son parcours personnel, tout un chacun pourra s'informer, au gré d'un système d'icônes, sur la Meuse, la ville, les églises, les métiers, la vie quotidienne. Ligne du temps, carte, mise en œuvre des informations historiques dans un « livre » récapitulatif complètent la troisième formule.

Il ne m'a pas été demandé, dans cette recension, de m'intéresser aux aspects techniques du DVD dont il est ici question. À dire vrai, je n'en suis pas capable et, comme je ne suis guère amateur de ce type de produit, mon jugement ne serait pas valable. Je voudrais simplement dire que l'outil n'est pas aussi maniable qu'on le souhaiterait - il n'est par exemple pas possible de faire marche arrière dans le parcours libre - et que l'un des deux groupes d'images de synthèse ne me semble pas vraiment réussi - ce travail souffre manifestement d'un déficit de moyens.

Mon avis portera donc sur le propos historique développé. Sur ce point, il faut évidemment tenir compte du fait que ce DVD ne s'adresse pas à des spécialistes de l'histoire et de l'archéologie liégeoises et vise un public plutôt jeune. Cela étant, il m'apparaît que le propos historique est de très bonne facture. Bien sûr, les choses sont vues de très haut et offrent peu de place à la nuance et au détail. De même, celui qui a un peu lu sur l'histoire de Liège rencontrera beaucoup d'éléments qu'il connaît déjà. Et, pour ma part, il est certaines anecdotes que j'aurais évité d'exposer ou, peut-être, mieux présentées - ainsi Éracle, ses ulcères et sa guérison miraculeuse, à Tours, au terme d'une vision. Reste que, supervisé sur ce point par M. Laffineur-Crépin et J.-L. Kupper, qui sont évidemment très au fait de la matière y distillée, ce disque propose une évocation à mes yeux parfaitement équilibrée de l'histoire et de la vie quotidienne de Liège à la fin du 12^e siècle. En particulier, il montre très bien combien le fleuve, sa gestion, l'élément religieux et aussi tout ce qui relève de l'artisanat et du commerce furent prégnants dans le passé de la ville. J'ajouterai que, sur le plan de l'ambiance générale conférée à ces parcours, l'équilibre a été, là aussi, trouvé. Le Moyen Âge n'apparaît pas - l'inverse est fréquent -, comme un âge de ténèbres.

Ma principale réserve se révèle en creux par rapport à ce qui précède. L'on regrette en effet que Liège apparaisse comme un espace complètement mort, vidé de ses habitants, dépourvu de tout ce tohu-bohu que devait présenter une cité populeuse et ouvrière. Comme il s'agit, là encore, d'une réalité liée à des contraintes budgétaires, j'ai envie de conclure en disant que, sur le plan des données historiques et archéologiques, le produit, tout à fait méritoire, me semble en adéquation avec buts et public visés.

Alain Marchandisse
Mars 2010

Alain Marchandisse est maître de recherches du FNRS. Ses principales recherches portent sur l'histoire politique, diplomatique et  institutionnelle au Moyen Âge et sur la Principauté de Liège.