Le tournant des années 1970. Liège en effervescence

Le tournant des années 1970

Liège 1970

L'ouvrage qui paraît aujourd'hui est le prolongement d'une journée d'étude qui s'est tenue à Liège, au MAMAC, le 22 octobre 2005 et qui était intitulée « Liège années 70. Le temps des turbulences1 ». L'idée en était d'envisager une période, les années 1970, que les historiens commençaient à peine à analyser et pour laquelle le recul s'avérait désormais suffisant. Certes, Mai 68 et les années 1970 avaient déjà fait couler beaucoup d'encre mais surtout à l'occasion de débats enflammés. Ce qui paraissait neuf à la moitié des années 2000 était le regard porté par des chercheurs qui n'y avaient pas été impliqués sur ce « temps béni » de leurs aînés.

 L'ouvrage sera présenté par leurs auteurs le lundi 19 avril 2010 à 18h, à la Salle académique de l'Université de Liège, place du 20-Août.
Informations Relationsexterieures@ulg.ac.be

Mai 68 et les années 70 sont, on le sait, un moment particulier, vibrant de mouvements multiples et variés dont l'action débouchera notamment sur une reconfiguration de l'espace culturel. Un des principaux motifs en est celui de la rupture avec le « vieux monde » : avec une manière de vivre, d'apprendre et d'enseigner, de considérer les arts et la culture, l'amour et l'avenir... Mais ce que réclame toute une génération, c'est aussi une façon nouvelle de redéployer ces grands motifs. Ainsi, de nouvelles pratiques vont gagner le champ de la culture tandis que le dualisme entre les œuvres, les artistes et les territoires majeurs et mineurs va subir nombre de coups de boutoir. À l'instar des minorités, ce sont aussi les positions plus locales qui retrouvent droit de cité dans la mise en pièces – symbolique du moins – d'une société centralisée et hiérarchisée.

groupov

Or, si l'on connaît généralement la mythologie associée aux années 1970 et les pôles géographiques où elle s'enracine, on ignore ce qui concrètement s'est passé un peu partout et qui précisément répondait à l'enthousiasme de sentir que la périphérie pouvait exister avec autant de ferveur que le centre. Un des grands motifs de combat n'était-il pas alors que chacun – qui qu'il soit et quelle que soit sa place dans le monde social – devienne acteur de sa propre culture et de sa vie et surtout qu'il soit persuadé qu'il puisse en être ainsi ?

À droite : Groupov. Photo ©Lou Hérion. «Il y a des événements tellement bien programmés qu'ils sont inoubliables avant d'avoir eu lieu.»  

En nous interrogeant sur ces questions, il s'avéra rapidement que pour la zone culturelle dans laquelle nous évoluions, Liège, la mémoire de cette époque restait étrangement labile. Tant du côté des héritiers que des acteurs, ce qui s'était joué à Liège à cette époque demeurait dans l'obscurité des souvenirs ou celle de l'ignorance. Par contre, il était clair que des acquis – l'héritage – étaient bien identifiables : une « école » de sociologie de la littérature à l'Université de Liège extrêmement vivace et qui, figurant parmi les précurseurs, restait à la pointe de la discipline ; une formation de l'acteur au sein du Conservatoire constituant un véritable modèle pédagogique ; un pôle de recherche en images enregistrées... Des pôles qui se constituèrent dans un contexte de luttes sociales où il était fait appel à la culture en soutien aux combats. Mais la genèse de tout cela n'était pas établie et se perdait dans les limbes des souvenirs personnels. Le moment semblait donc opportun pour, dans une optique de transmission, tenter de constituer une mémoire de ce moment.

 


 

1 Il était organisé à l'initiative de l'ALPAC (Association liégeoise pour la promotion de l'art contemporain), du CELIFRAB (Centre d'étude du littéraire francophone en Belgique de l'ULg) et du CIEL (Collectif interuniversitaire d'étude du littéraire de l'ULg).

 

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