À la fin du 17e siècle, les professions médicales à Liège sont réglementées et dotées d'un organe de contrôle, le Collège des médecins, garant d'une certaine qualité des soins. Des médecins, des chirurgiens et des apothicaires possèdent des bibliothèques professionnelles. L'analyse de celles-ci est d'un grand intérêt pour évaluer le niveau scientifique de leur propriétaire. L'automédication est très répandue. Elle se fonde sur d'innombrables recettes ou secrets qui circulent dans toutes les couches de la population. Au 18e siècle, le thermalisme se développe à Spa, attirant des curistes de l'Europe entière.
Organisation de la profession
Jusqu'à la fin du 17e siècle, la pratique de la médecine à Liège est réglementée, mais peu contrôlée en ce qui concerne son niveau et sa qualité. Médecins, chirurgiens, barbiers, apothicaires et sages-femmes appartiennent à des catégories sociales strictement hiérarchisées et cloisonnées. Le schéma des professions médicales reproduit le système corporatif en vigueur à l'époque. On se préoccupe surtout de définir les conditions d'accès à la profession et d'empêcher qu'elle ne soit exercée en dehors du cadre établi. Les médecins, auréolés du prestige d'un diplôme universitaire, forment une caste à part. Ce grade, ils ont dû le conquérir à Reims, à Pont-à-Mousson, en Avignon ou à Louvain puisque toute tentative de créer une université à Liège est systématiquement réduite à néant par les solides protections dont jouit l'université de Louvain. Les chirurgiens et les barbiers sont réunis dans la Compagnie de saint Cosme et de saint Damien qui existe depuis le Moyen Âge. Les apothicaires appartiennent au métier des merciers, corporation un peu hétérogène qui, en plus des merciers, rassemble les épiciers (marchands d'épices), les apothicaires, les libraires et les imprimeurs. Quant aux sages-femmes, elles sont placées sous l'autorité du prévôt car, dans un monde où la mort est omniprésente, les préoccupations religieuses dominent. Face à l'importante mortalité néonatale, les sages-femmes doivent avant tout être capables d'administrer le baptême !
Des mesures de rationalisation vont progressivement être mises en place. En 1687, le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière promulgue un nouveau règlement pour les chirurgiens de la Compagnie de saint Cosme et de saint Damien. Il stipule, entre autres, que le candidat chirurgien, au terme de six années d'apprentissage, passera un examen portant sur l'anatomie, les tumeurs, les plaies et les fractures devant un jury composé de trois médecins et de six maîtres-chirurgiens. Il fixe un numerus clausus de 28 chirurgiens pour la ville de Liège et sa banlieue, qui comptent environ 60 000 habitants.
Mais l'étape décisive est la création du Collège des médecins le 31 mars 1699 par le prince-évêque Joseph-Clément de Bavière. À l'instar d'autres villes étrangères, Liège est dotée d'un véritable organe de contrôle. Ce Collège est composé d'un président, qui est d'office l'échevin le plus ancien qui siège au Conseil privé (donc un homme du prince), de quatre médecins, de deux chirurgiens et de deux apothicaires. L'autorité du Collège s'étend à l'ensemble des professions médicales, tant sur le plan du recrutement que sur celui de l'exercice de la médecine. Les chirurgiens sont définitivement séparés des barbiers et les apothicaires quittent le métier des merciers. Désormais, médecins, chirurgiens et apothicaires sont réunis en un seul corps où chacun voit sa sphère de compétence et d'activité strictement définie.
Le Collège vérifie les qualifications de l'impétrant et veille à ce que les praticiens de toutes catégories s'inscrivent au Collège et paient leur inscription. Pour être inscrit au Collège, le médecin doit présenter les lettres officielles délivrées par l'université où il a obtenu son diplôme. Les épreuves pour l'obtention de la maîtrise de chirurgie sont identiques à celles du Règlement de 1687. Pour obtenir la maîtrise de pharmacie, l'apprenti doit passer deux examens, l'un sur la composition des médicaments, l'autre sur la connaissance des simples figurant dans le Dispensatorium. Il doit ensuite réaliser un chef-d'œuvre qui consiste en une préparation magistrale imposée par le jury, qui se déplace alors à l'officine de l'apprenti et assiste à la confection du médicament.
Des examens sont instaurés pour les autres agents médicaux : les sages-femmes et leur équivalent masculin, les accoucheurs, ceux qui sont autorisés à pratiquer la saignée (il n'est pas rare d'y trouver des femmes), les dentistes, les arracheurs et arracheuses de dents, les poseurs de ventouses, les distributeurs et distributrices de remèdes.
Certes, le modus operandi du Collège n'est pas exempt de protectionnisme, et les enfants de praticiens accèdent plus facilement à la profession (comme cela se passe dans les autres métiers d'ailleurs). Mais le souci de la qualité est bien réel. Les candidats qui n'ont pas satisfait doivent représenter les examens. Les remèdes spécifiques, pour lesquels les distributeurs de remèdes sont tenus de solliciter une autorisation de vente, sont examinés et c'est l'efficacité du médicament qui détermine la décision.
Enfin, le Collège est aussi chargé de juger les plaintes de patients qui estiment avoir été lésés. Il procède alors au contrôle du registre de visites que le chirurgien est tenu de rédiger, et il détermine si le nombre de prestations, les soins fournis et le montant des honoraires sont justifiés par la pathologie du patient.
Dès sa création en 1699, le Collège fut chargé par le prince-évêque de rédiger une pharmacopée. Cette tâche menée par quatre médecins et deux apothicaires prendra plus de quarante ans. Ce n'est qu'en 1741 que la Pharmacopoea Leodiensis sortira de presse et sera le recueil de médicaments officiel et obligatoire pour toute la principauté.
de s'occuper des aliénés et d'enterrer les indigents et plus particulièrement les pestiférés lors des épidémies.
Le cercueil qui figure à côté du religieux évoque cette tâche.
Bibliothèque générale de philosophie et lettres, ms. 1578, fol. 91, 17e-18e siècle).