Karla Suárez (La Havane, 1969) est une voix singulière parmi la « nouvelle » génération d’écrivains latino-américains. Son roman Tropiques des silences en est une preuve supplémentaire : le récit vous entraine dès la première page dans la cuba castriste au travers d’un texte, mi-biographique, mi-journal intime captivant. Le texte s’assimile donc à un roman d’apprentissage, celui de « la Flaca », une jeune cubaine solitaire issue d’une famille très éloignée du modèle socialiste qu’elle prétend incarner pourtant coûte que coûte.
Le roman trouve son dynamisme non seulement depuis cette perspective originale mais également grâce à ses courts chapitres dédiés aux épisodes clefs de la vie de cette fille « garçon manqué » qui aime se perdre dans la littérature et les paradis artificiels.
Loin à la fois des clichés exotiques habituels des iles caribéennes et des dénonciations des déficiences du régime castriste, la prose de Suárez réussit à faire rire, voyager et réfléchir. Pas de traité politique donc mais un récit biographique touchant sur la famille, les amis et Cuba au fil des événements de la vie.
Karla Suárez est née à Cuba en 1969, elle est à la fois passionnée par la musique, l’informatique, la littérature et… les mathématiques. Elle est donc aujourd’hui ingénieure du son et écrivaine, elle a quitté la Havane en 1998 pour différents pays tels que l’Italie, la France, la Colombie et les États-Unis. Par ailleurs, elle collabore pour des journaux tels que El País, Le monde Diplomatique ou El informador. Elle a reçu en 2012 les prix Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-monde et le Grand Prix du Livre Insulaire pour son roman, La Havane année zéro. En 2013, son roman Tropiques des silences a été adapté au théâtre musical.
Pauline Berlage
Karla Suárez, Tropique des silences, Trad. François Gaudry, Métaillé, 2012
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