295 manifestations en tout genre, 12 productions et 87 916 spectateurs, tel est le bilan dont l’Opéra royal de Wallonie peut se prévaloir en cette fin de saison, la septième placée sous la conduite de Stefano Mazzonis di Pralafera. « Découverte », « continuité » et « audace » constituent les maîtres-mots de ce directeur d’origine italienne ; une politique artistique qui se reflète également dans la programmation de la prochaine saison, élaborée autour de la thématique des « femmes et des représailles ».
La continuité
Le 19 septembre 2014, le rideau s’ouvrira sur La Cenerentola de Gioachino Rossini, une adaptation musicale du célèbre conte de Charles Perrault, dans laquelle le prince Don Ramiro et son valet Dandini s’adonnent à un échange de rôles trompeur aux dépens de Clorinda et de Tisbe, les odieuses sœurs d’Angelina. Placé sous la direction musicale de Paolo Arrivabeni, l’opéra réunira dans sa distribution la mezzo-soprano italienne Marianna Pizzolato, le baryton Bruno de Simone, les Belges Annelies Van Gramberen, Julie Bailly et Laurent Kubla, ainsi que le ténor russe Dmitry Korchak dont ce sera la première apparition à Liège.
de Cécile Roussat et Julien Lubek
Toujours selon le principe de la « continuité », la saison se poursuivra dans la lignée franco-italienne chère à l’ORW avec la Manon de Jules Massenet et la Luisa Miller de Giuseppe Verdi, dans une production de l’Opéra national de Montpellier. Ici encore, deux étoiles du théâtre lyrique feront leurs débuts au sein de la Cité ardente, à savoir Alessandro Liberatore dans le rôle du chevalier des Grieux et Gregory Kunde dans celui de Rodolfo.

Manon, Mise en scène de Stéfano Mazzonis - Voir un extrait vidéo
Les fêtes de fin d’année se dérouleront cette fois-ci non pas dans la joyeuse ambiance de l’opérette, mais au cœur du terrible drame de La Tosca mis en musique par Giacomo Puccini d’après la pièce éponyme de Victorien Sardou. Les mois suivants verront la reprise de L’Auberge du cheval blanc de Ralph Benatzky, de Rigoletto de Giuseppe Verdi et de L’Elisir d’amore de Gaetano Donizetti, dans lesquels des artistes tels que Alexise Yerna (Josépha), Leo Nucci (Rigoletto), Desirée Rancatore (Gilda), Maria Grazia Schiavo (Adina), Cristiano Cremonini (Nemorino) et Adrian Sampetrean (Dulcamara) évolueront tour à tour sous la baguette de Jean-Pierre Haeck, Renato Palumbo et Bruno Campanella.

L'Auberge du Cheval blanc. Mise en scène de Dominique Serron
Une nouvelle coproduction des Pêcheurs de perles offrira par ailleurs l’occasion de revoir l’admirable trio belge formé par Anne-Catherine Gillet, Marc Laho et Lionel Lhote, dont on se rappelle la prestation dans Guillaume Tell en 2013. La mise en scène de l’opéra de Bizet sera confiée au Japonais Yoshi Oïda, le « champion de l’intimisme » – tel que le qualifia le journal Le Soir – dont la dernière collaboration avec l’ORW remonte à Nabucco (2007).
Décor de Tom Schenk

Maquette de décor des
Joyeuses Commères de Windsor
de Rifail Ajdarpasic
La découverte
Au sein de cette programmation largement fidèle au répertoire traditionnel, la « découverte » sera incarnée par Les Joyeuses commères de Windsor d’Otto Nicolaï, jouées pour la première fois à l’Opéra royal de Wallonie. Inspirée d’une comédie de Shakespeare, l’œuvre relate les mésaventures burlesques du sieur John Falstaff, victime de sa tentative de séduction de deux riches bourgeoises, Frau Reich et Frau Fluth. Cette dernière sera interprétée par la soprano Anneke Luyten, demi-finaliste du Concours Reine Élisabeth en 2011, aux côtés de Sabina Willeit (Frau Reich) et de Franz Hawlata (Falstaff).
Le mois de mai 2015 verra en outre la création mondiale de Fleur de peau, une histoire d’amour sur fond écolo-futuriste imaginée par les musiciens belges Line Adam et André Borbé à la suite d’une commande de l’ORW. Destinée aux petits comme aux grands, cette pièce s’inscrit dans la série « L’opéra pour les jeunes », qui comprendra également Brundibár de Hans Krása, l’Histoire de Babar de Francis Poulenc et Une autre Aïda.
L’audace
C’est avec cette création collective librement inspirée de l’œuvre de Giuseppe Verdi que l’Opéra royal de Wallonie affirme le volet audacieux de son programme. Pour la troisième fois, des artistes en herbe, issus des maisons de jeunes membres de la FMJ, revisiteront un opéra clé de l’histoire de la musique dans une version 100% mix, abordant des thèmes universels tels que le rôle de la femme dans la société, la jalousie, l’amour, le devoir et les contraintes socioculturelles exercées sur l’individu. Un encadrement professionnel, assuré par la metteuse en scène Marie Neyrinck et le chorégraphe Salvatore Mangione, aidera les jeunes à monter ce spectacle hors du commun, qui fera l’objet de trois représentations à la mi-février.
Operetta
Festival Voo Rire
Une série de concerts et d’activités diverses ponctueront enfin cette programmation, qu’il s’agisse du Temple de la gloire de Jean-Philippe Rameau (12/10), du spectacle Operetta du Festival Voo Rire (17/10), du concert de gala Les grandes voix belges (26/04) ou encore d’une master class organisée à l’attention des jeunes chanteurs issus des conservatoires européens (23/02-27/02). Voilà donc qui s’annonce particulièrement prometteur. Aussi, dès le 24 août 2014, un concert d’été achèvera de donner l’eau à la bouche en présentant, en avant-première, des extraits musicaux de la saison à venir.
Barbara Bong
Mai 2014
Barbara Bong est chercheuse en musicologie. Ses recherches doctorales portent sur Henri Vieuxtemps.
Opéra Royal de Wallonie
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Quelques extraits en vidéo :