Antoine Wauters, Sylvia

Wauters-SylviaIl a beaucoup été question de Nos mères, le très beau premier roman d’Antoine Wauters, qui lui a valu le Prix Première de la rtbf. Et son précédent livre, Césarine de nuit, prix Marcel Thiry 2013, n’était pas passé inaperçu non plus. Écrit avant Nos mères mais paru peu après chez Cheyne éditeur, Sylvia se fait plus discret. Pourtant, il s’agit d’un livre fort, attachant, important dans le parcours de ce jeune auteur. Comment le qualifier ? L’écriture d’Antoine Wauters oscille entre la poésie et la narration : Césarine de nuit appartient au domaine de la poésie tout en tendant vers le récit ; Nos mères est assurément un roman, mais un roman poétique, qui laisse autant de place à la diction qu’à la fiction. Sylvia est comparable à Césarine : c’est d’abord de la poésie, sans doute, mais, petit à petit, du magma poétique initial, enchevêtrant les thèmes de façon presque hermétique, se dégage à nouveau un récit, qui devient de plus en plus clair au fil des pages. Un récit ou plutôt deux récits parallèles : ce sont les morts des deux grands-pères de l’écrivain, Charles et Armand, qui sont tour à tour racontées de façon sobre et touchante. À ces deux thèmes, la première partie marie le motif de la naissance d’un premier enfant et l’évocation d’une lecture précise, celle de Sylvia Plath, qui aide le locuteur-narrateur à donner sens (ou non-sens) aux événements intimes, merveilleux ou douloureux, qu’il est en train d’affronter. Pour mieux prendre la mesure de ce travail de deuil par écrit, où la littérature joue un grand rôle, tant dans la forme que dans les références convoquées, peut-être est-il judicieux de relire le début après avoir tourné la dernière page : on se rend alors compte qu’aucun mot n’est employé ici de façon gratuite et qu’Antoine Wauters maîtrise déjà pleinement son art.

 

Laurent Demoulin

Antoine Wauters, Sylvia, Cheyne éditeur, 2013, 82 p.
 

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