Abbas Kiarostami, Des milliers d'arbres solitaires

KiarostamiUn conseil : si vous aimez un cinéaste, lisez ses poèmes ! Et si vous n’avez pas vu ses films, lisez quand même ses poèmes. Ceux de l’iranien Kiarostami sont toujours très courts. On peut les rapprocher des haïkus japonais, mais on voit que ceux-ci, en s’internationalisant, se prêtent aux multiples déclinaisons que permettent les diverses cultures et personnalités qui en adoptent la forme.

La traduction des poésies complètes de Kiarostami vient de paraître aux éditions Érès, sous le titre Des milliers d’arbres solitaires. Sinon, on peut lire les trois recueils parus précédemment : Avec le vent (P.O.L, 2002), Un loup aux aguets (La Table ronde, 2008), Havres (Érès, 2010).

C’est parfois hyper-minimaliste, toujours surprenant, toujours différent.

Je fuis la maison
dans la rue
et la rue
dans la maison

*

les vieux arbres
comment regardent-ils
les arbrisseaux ?
 

*

En ton absence
Le jour et la nuit
Ont juste vingt-quatre heures
En ta présence
Un peu plus
Un peu moins

Un bateau sans voile
Une mer sans vent
Un ciel
Sans lune

*

Chaque nuit
Je meurs
Et je renais
À l’aube

*

Je n’envie
Personne
Lorsque je vois
Le vent
Dans le peuplier

Le train siffle
et s’arrête

un papillon dort sur les rails

*

Quand j’y pense
je ne comprends pas
toute cette peur
de la mort

*

Quand j’y pense
je ne comprends pas
la blancheur de la neige

*

Au prochain vent
tombera
quelle feuille ?

 

 

Gérald Purnelle

 

Abbas Kiarostami, Des milliers d'arbres solitaires,  Érès, 2014.
 

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