Je l'avoue : je n'aime pas la science fiction. Toutes les tentatives de mes amis pour m'y intéresser ont toujours échouées. Pourtant, Martiens, go home ! est un roman que j'adore. C'est sans doute parce qu'il est davantage une critique sociale de notre monde, une œuvre délibérément décalée à l'humour percutant qu'un roman classique de science-fiction.
L'histoire est très simple. Du jour au lendemain, la terre est envahie de millions de petits hommes verts goguenards. On ne saura jamais les raisons de cette invasion ; elle n'est ni pacifique, ni belliqueuse. Le héros, Luke Devereaux, imagine qu'il en est la cause, mais de nombreuses autres hypothèses sont envisagées, laissant au lecteur qui en ressent le besoin le soin de trancher. Là n'est pas l'important du roman. Ces véritables caricatures des martiens débarquent et se moquent des hommes, de leurs pratiques, de leurs systèmes idéologiques ou autres. Et puis, en sociologue, l'auteur observe comment toutes les institutions s’effondrent, du seul fait que des êtres, dont on ne sait rien et dont on ne sait comment se débarrasser, rient de nous.
L'ensemble du roman transgresse sans cesse les codes de la littérature fantastique et même des romans classiques. Il tient aussi de Jacques le Fataliste que de Lewis Caroll. Un véritable bijou d'intelligence, qui remet en question nos certitudes.
Anne Staquet
Fredric Brown, Martiens, go home !, tr. fr. de Alain Dorémieux, Paris, Folio et Denoël, 224 p.< Précédent I Suivant >
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