Jean-Christophe Rufin, Le collier rouge

RuffinUne caserne déserte, un geôlier consciencieux, un prisonnier et un juge… et les aboiements d’un vieux chien qui attend. Pourquoi ce chien hurle-t-il à mort ? Pourquoi ce soldat, hier paysan, veut-il à tout prix être condamné ? Guillaume, drôle de nom pour un chien ! Nous sommes au lendemain de la guerre 14-18…  mais le dernier livre de JC Rufin n’est pas un livre sur la guerre.

Ca démarre comme dans le Désert des Tartares, à peine les premières pages lues, je pense au roman de Dino Buzzati (lu il y a des dizaines d’années) … est-ce pour le souvenir du fort, celui de la chaleur écrasante, pour le poids du temps, pour le tragique et l’absurde de nos existences ? Nous sommes dans un huis-clos, tout est tendu. Les personnages du roman nous plongent dans une époque et un lieu précis sans autre prétexte que de nous porter au-delà de cette guerre, pour nous amener à réfléchir à l’essentiel. Une histoire de l’après-guerre qui continue encore aujourd’hui, un livre sur la question de l’humanisme qui constitue le défi de nos sociétés européennes : arrivera-t-on à dépasser nos barbaries actuelles, parviendra-t-on à trouver et à construire un peu de fraternité ? Sans doute grâce au pouvoir des livres et des mots. Les livres que le prisonnier, ancien paysan, a lus, de Marx à Kropotkine. Les mots qui construisent l’échange entre le juge et le prisonnier comme autant de tentatives de comprendre le drame humain. Les mots, qu’on les lise ou les dise, sont puissants, ils  finissent par venir à bout des aboiements des chiens dans l’obscurité de nos nuits tragiques.

Une caserne déserte… des hommes et des femmes libres… et la fidélité d’un chien. Le collier rouge, le dernier roman que Jean-Christophe Rufin a écrit « à partir d’un de ces petits cristaux de vie rares à partir desquels il est possible d’écrire un édifice romanesque ».

Un court récit de 160 pages qui vous fera réfléchir longtemps. Bonne découverte !

 

Véronique Halbardier

 

Jean-Christophe Rufin, Le collier rouge, Gallimard, 2014, 160 p.
 

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