Dans l’Altiplano mexicain et le sud-ouest étasunien se dressent des pueblos, dont Real del Catorce, dernière étape du périple initié par la narratrice, s’escrimant à retrouver les traces des pas perdus d’une certaine Nacha.

Nacha… Petite-fille de domestiques et fille d’une Indienne lavandière. Mère courage, mère célibataire, mère répudiée qui œuvre avec opiniâtreté à élever ses deux enfants et à leur offrir une chance de décence. Boulimique des plaisirs de la table, bruja en vibration organique avec le végétal, danseuse de boléro, nomade irriguée de dépaysements cinématographique, littéraire et historico-mythique, conteuse d’histoires.

Et c’est celle de Nacha, « avec des pans d’ombre et des pans de lumière », que la narratrice se met en quête de débrouiller. Dans une langue toute personnelle, Évelyne Heuffel accentue le trouble du lecteur qui, en plus d’être baladé dans les entrelacs fictionnels renvoyant d’une époque à l’autre, se voit doucement chahuté par un style incarné, chatoyant, grâce à son maillage de mots et d’expressions espagnols donnant corps, profondeur et authenticité au récit. Et l’on quitte le pueblo fantasma avec, dans l’oreille, l’exclamation de Nacha : « Por mi madrecita, te lo juro ! »

Samia Hammami

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