De prime abord, certain lecteur pourra se sentir décontenancé face au livre qu’il découvre : un roman réaliste belge oui, mais traitant exclusivement de la justice d’un pays soviétique… Quelle étrange entreprise ! Le secret de cette alchimie particulière réside en sa double paternité. En effet, Les Poches cousues s’avère une autofiction à quatre mains : deux hommes de loi – (re)connus pour leur intégrité sans faille – et de lettres se sont attelés à la tâche fastidieuse d’arpenter les arcanes d’un système égarant les justiciables tant par ses labyrinthes tortueux que par ses raccourcis fulgurants. D’un côté, Alain-Charles Faidherbe (nom d’emprunt et de protection) a fourni le matériau brut de son existence. De l’autre, Michel Claise a insufflé la distance nécessaire afin que ce texte ne souffre de recevoir la simple étiquette de « récit de vie ». C’est servi par un style neutre, précis et dépassionné qu’il accède pleinement à la sphère littéraire. Ainsi, selon les mots de l’éditeur, « la vérité est nue sous le manteau de l’imagination ». Dans leur préface à cet incroyable plaidoyer pour la probité, Claise et Faidherbe sonnent l’alarme : « La criminalité financière est la peste de notre temps. Une bactérie contagieuse. Et si nos démocraties, sans s’en rendre compte immédiatement, en étaient déjà infectées ? »
Samia Hammami
Michel Claise et Alain-Charles Faidherbe, Les Poches cousues, éditions Luce Wilquin, collection « Sméraldine », 2014, 288 p.
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