Le médecin et immunologiste français a donné une série passionnante d’émissions sur France inter et elles sont heureusement disponibles sur Internet. Ce premier opus – car il en existe aujourd’hui un second intitulé Je t’offrirai des spectacles admirables, paru aux mêmes éditions en 2013 – reprend une quinzaine d’épisodes et je voudrais ici m’arrêter sur celui qui m’a le plus marqué, sans doute parce que je donne les cours de philosophie de l’art aux étudiants en architecture. Il s’agit de la leçon radiophonique consacrée  aux corvidés d’Australie que l’on désigne comme oiseaux jardiniers. On y apprend que l’homme n’a pas le monopole du jugement esthétique : les femelles de ces « oiseaux rares » sont sensibles à la beauté de jardins que leurs mâles aménagent et déclinent dans des nuances de camaïeux bleutés, sont  bouleversées par la composition en trompe l’œil que ces « Le Nôtre à plumes » érigent pour leur plaire… Inspirés par Darwin, qui avait déjà montré à quel point le sens esthétique était essentiel dans le processus de sélection (sexuelle) des espèces, John Endler, professeur d’écologie sensorielle et ses collaborateurs ont observé les jardins « en se mettant à la place des demoiselles, en regardant à partir de l’extrémité nord de la tonnelle, à hauteur de regard de l’oiselle, et ils ont remarqué une caractéristique étrange, jusque-là inconnue, de ces jardins, […] Ils ont découvert que les objets les plus petits sont les plus proches de l’endroit où se tient l’oiselle, et plus on s’éloigne de l’extrémité nord, et plus la taille des objets diminue. Cette disposition crée une illusion d’optique qu’on appelle un effet de perspective forcée »… De quoi interpeller les apprentis architectes, non ?

Stéphane Dawans

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