Stéphane Giocanti, C’était les Daudet

GiocantiS’il n’est déjà pas aisé de raconter les détours et les moments clés d’une vie unique, que dire lorsque le projet d’un auteur est de retracer l’histoire d’une famille ? C’est pourtant le défi qu’a relevé, avec autant de bonheur que de rigueur, Stéphane Giocanti, déjà connu pour avoir signé il y a quelques années une excellente biographie de Charles Maurras. Cette fois, le voilà qui s’attaque aux Daudet. Un clan qui, en France, fait pièce à celui qui se forma, en Allemagne, autour du patriarche Thomas Mann. À voir le titre, C’était les Daudet, on pourrait d’ailleurs s’interroger sur le singulier du présentatif et se demander s’il n’est pas fautif. Arrivé aux dernières pages, on comprend que non, qu’il était même requis pour mettre en évidence la cohésion et la singularité justement de cette tribu parée de belles plumes. Cette ambitieuse polybiographie permet donc à Giocanti de réaffirmer son double attachement, à un ancrage provençal d’une part, à la Littérature majuscule d’autre part. Un livre foisonnant qui en contient plusieurs, comme encastrés en gigognes. Au moins trois, consacrés respectivement à Alphonse, Léon et Lucien, ces individus qui surent « décline[r] les nuances de la rébellion et de l’esprit d’indépendance ». Le tour de force d’avoir savamment pondéré l’attention accordée à chaque Daudet est d’autant plus appréciable qu’il aboutit au final à ce que, sur la photo de groupe, aucun n’apparaisse comme le parent pauvre de cette famille hors du commun…

Frédéric Saenen

 
Stéphane Giocanti, C’était les Daudet, Flammarion, 2013, 400 p.
 
 

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