L’étude qu’Anne-Marie Baron consacre à l’occulte chez Balzac ouvre des perspectives de lecture renouvelées à qui voudrait se (re)plonger dans La Comédie humaine. Autorité en la matière – puisqu’elle préside la Société des Amis de Balzac ainsi que sa Maison-musée sise rue Raynouard –, le docteur ès lettres conjugue à son expertise une approche encyclopédique de la part ésotérique que recèlent les romans balzacien. Du coup, son essai apparaît comme l’éclaircissement définitif qu’il s’agissait d’apporter à un aspect méconnu et pourtant fondateur dans la démarche créatrice de ce géant. Le mérite d’Anne-Marie Baron est de nous montrer que l’occulte n’est pas un simple ressort narratif habilement utilisé par Balzac pour complexifier ses intrigues ou les pimenter de mystère, mais qu’il structure en profondeur son système romanesque, sa vision de la société et plus largement encore de l’univers. Dans sa conclusion, l’auteure insiste sur le fait que Balzac « a réussi à édifier un système philosophique, politique, social, métaphysique fondé sur la dialectique du secret révélé et caché en même temps ». Il est sans doute le seul écrivain français à être jamais parvenu à un tel degré d’élaboration dans le cadre d’une œuvre littéraire. La Comédie humaine est bel et bien un monde en soi, mais régenté par des forces que leur démiurge explorait parallèlement à leur mise en scène. En cela, cet ensemble constitue, à l’instar des poèmes de Dante, un authentique moyen d’accès à la Sphère de la Spécialité.
Frédéric Saenen
Anne-Marie Baron, Balzac occulte. Alchimie, magnétisme, sociétés secrètes, Préface d’Antoine Faivre, Éditions L’Âge d’homme, 2013, 326 p.< Précédent I Suivant >
Retour à la liste des Essais, documents...
Retour aux Lectures pour l'été 2014