Au cours de l’année 2013, 49 manuscrits, parmi les plus précieux des collections du Réseau des Bibliothèques de l’ULg, ont été numérisés. Ces manuscrits médiévaux et renaissants, souvent richement enluminés et décorés, seront rendus accessibles à tous, en ligne, au début du mois de février. Avant de découvrir les résultats en images de cette vaste campagne, lors d’une soirée-conférence qui se déroulera le 4 février prochain, nous vous proposons de plonger dans l’histoire de ces collections et d’en découvrir quelques pièces exceptionnelles.
Photo Atelier de l'ImagierAux origines du fonds de manuscrits de l’Université de Liège
Parmi les quelques 6000 manuscrits conservés à l’Université de Liège, figure un fonds de manuscrits médiévaux et modernes exceptionnel.
L’origine de ce fonds remonte à la création de l’Université, en 1817. À cette époque, la bibliothèque de l’Université est dotée d’un fonds important d’ouvrages anciens. Ce fonds provient alors de congrégations religieuses de l’ancienne Principauté épiscopale, supprimées lors de la Révolution française. En 1796, les ouvrages avaient d’abord été rassemblés au Palais des princes-évêques, en vue de constituer une bibliothèque nationale (qui ne verra finalement jamais le jour). Les fonds contribuent alors en partie à la constitution de la bibliothèque publique de la ville, créée en 1804. C’est à cette époque que les manuscrits des couvents des Croisiers de Liège et de Huy sont partagés entre la bibliothèque de la ville et le séminaire1. Lors de la création de l’Université en 1817, les collections de la ville de Liège sont déposées à la bibliothèque de l’Université. C’est ainsi que cette dernière est enrichie notamment des manuscrits provenant des couvents des Croisiers de Liège et de Huy, ainsi que des collèges des Jésuites anglais et wallon.
Summa de casibus poenitentialibus cum glossis
Joannis de Friburgo, lib. IV
Université de Liège, ms. 137, fol. 17r°
Par un décret royal du 23 octobre 18212, Guillaume d’Orange cède à l’Université la bibliothèque issue de l’ancienne abbaye d’Averbode3. En 1824, c’est au tour des manuscrits de l’abbaye de Saint-Trond d’être également cédés par les autorités hollandaises à la bibliothèque de l’Université4.
Durant le 19e siècle, les collections n’ont cessé de s’enrichir grâce à des achats (comme les deux volumes d’une Bible du début du 15e siècle provenant du couvent de Sint Hyeronismusberg à Hattem au Pays-Bas), mais aussi des legs et des dons de particuliers.
En 1894, Adrien Wittert (1823-1903), soucieux de ne pas voir se disperser sa collection de livres et d’objets d’art après sa mort, lègue par testament à l’État Belge, pour la Bibliothèque de l’Université de Liège, l’ensemble des œuvres et ouvrages qu’il avait réunis. Ce legs impressionnant par son ampleur (plus de 15 000 estampes et dessins, environ 20 000 volumes imprimés, une trentaine d’incunables et 117 manuscrits) se révèle tout aussi important pour la qualité et la rareté des ouvrages. Parmi les 117 manuscrits rassemblés par Adrien Wittert, on compte une vingtaine de livres d’heures. Plusieurs de ces manuscrits sont des témoins majeurs de l’art de l’enluminure des 14e, 15e et 16e dans le nord de l’Europe.
À gauche : Bible. Université de Liège, ms. 189, fol. 2v°
À droite : Livre d'heures de Jean de Lannoy. Université de Liège, ms.W. 14, fol. 14r°
1 Pour l’historique des bibliothèques des couvents des croisiers de Liège et de Huy voir Depaire J.P., La bibliothèque des Croisiers de Huy, de Liège et de Namur, Université de Liège, mémoire de licence, 1969-1970.
2 Dans les faits, les ouvrages seront mis en caisses et transportés à Liège en 1822.
3 Contrairement à ce qu’écrit Grandjean dans le catalogue qu’il publie en 1875, la bibliothèque d’Averbode ne fut donnée en 1824.
4 Haverals M., « Geschidenies van de Bibliotheek » dans Handschriften uit de abdij van Sint-Truiden, Louvain, 1986, p. 47.
5 Oliver J., « Évangéliaire d’Averbode » dans Bruyère P., Marchandisse A. (dir.), Florilège de livre en Principauté de Liège du IXe au XVIIIe siècle, Liège, 2009, p. 42.