Dès le 16 janvier 2014 et durant tout le weekend, Mnema la Cité Miroir se dévoilera au grand public à travers des activités musicales, théâtrales ainsi qu'une conférence d'Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal, Secrétaire général de la Francophonie et docteur honoris causa de l'ULg. Un public impatient de venir prendre la température des Anciens Bains et Thermes de la Sauvenière reconvertis en un lieu dédié à la citoyenneté, à la démocratie, à la mémoire et au dialogue des cultures. Ce colosse de béton, avec ses 14.000 m2 d’espace disponible, suscite déjà dans les esprits bien des choses. Alors que les plus jeunes s’imaginent au cœur des festivités, les plus âgés se souviennent des cours de natation, des baignades et des compétitions auxquels ils ont assisté jadis. Mais, lorsqu'ils franchiront les portes de ce sanctuaire culturel, tous fouleront un sol imprégné d'histoire où s’unissent harmonieusement passé, présent et futur.
Le 10 décembre 2004, l'asbl Mnema voit le jour à l'initiative des Territoires de la Mémoire et de son directeur Jacques Smits. Symboliquement créée le jour de la déclaration universelle des droits de l'homme, cette nouvelle structure est portée par des idéaux démocratiques d’égalité et d’émancipation sociale individuelle et collective. Mnema (mémoire en grec) a pour raison d'être la prise en charge, le soutien ainsi que le développement d'un projet de haute envergure ayant longuement mûri dans l'esprit de ses instigateurs : La Cité Miroir. Une agora des temps modernes dédiée au rassemblement, au transfert d’idées, à l’émulation intellectuelle et à la solidarité des individus.
Face à cet ambitieux projet dont les objectifs sont à la fois éducatifs, culturels, architecturaux et politiques, de nombreux acteurs tels que le Centre d'Action Laïque de la Province de Liège, Éthias Assurance, Solidaris, la Maison des Syndicats, la Ville et la Province de Liège, Étopia, sans oublier l'ULg et les représentants des principaux partis politiques se sont ralliés à l'association et sont venus lui prêter main forte dans sa quête.
Susciter la réflexion
Les missions principales assignées à la Cité Miroir transparaissent dans la symbolique liée à son appellation. Alors que la notion de Cité fait directement référence aux sujets citoyens, à leur participation à la « chose publique », à l’organisation de la vie collective sur la place publique, le miroir incite à la réflexion à travers l’image de soi. « Le miroir renvoie à l’introspection » précise Bernard Thiry, Président de l’asbl Mnema. « Se regarder dans un miroir, c’est s’interroger, admettre ses faiblesses, apprendre l’humilité. C’est aussi accepter de se dévoiler au regard de l’autre, lui marquer sa confiance en faisant un pas supplémentaire dans sa direction. »
Parallèlement à sa dénomination qui découle d’un raisonnement construit et évident, La Cité Miroir aspirait à s'établir dans un lieu qui reflèterait au mieux ses valeurs et ses ambitions. L’imposant édifice des Anciens Bains et Thermes de la Sauvenière initié à la demande de Georges Truffaut, échevin des Travaux publics pour la Ville de Liège, s’est avéré être le cadre propice à l’épanouissement du projet. Situé dans le centre névralgique de Liège, à proximité des grands axes, le bâtiment en béton, en verre et en acier bénéficie non seulement d’une situation idéale mais renferme surtout une valeur symbolique déterminante. Les Bains inaugurés en 1942 avaient en effet été envisagés comme un lieu d'émancipation sociale pour les Liégeois et comme un acte de résistance symbolique sous l'occupation nazie.
Ce n’est donc pas tant la localisation de l'architecture qui a motivé le choix de l'asbl Mnema que les valeurs et les idéaux qu'elle renferme. En décidant d’investir ces lieux, Mnema fait non seulement valoir ses propres engagements dans la lutte pour l'égalité et la fraternité mais prolonge aussi le discours de paix et de liberté amorcé par Truffaut il y a plusieurs décennies.
La réhabilitation des anciens Bains et Thermes de la Sauvenière par le bureau d'études Pierre Beugnier et Triangles Architectes a débuté en 2009 avec en toile de fond le souci de « redonner au bâtiment sa majesté, faire perdurer sa mémoire et son âme.» comme l'explique Pierre Beugnier, coordinateur général du projet. Le chantier a donc été pensé puis exécuté dans le respect de l’agencement originel des lieux. Le bâtiment, conçu dans le style Bauhaus par l’architecte Georges Dedoyard et partiellement classé au Patrimoine Wallon, a gagné en fonctionnalité et en modernité tout en conservant sa splendeur d’antan. La façade du boulevard de la Sauvenière ainsi que celle de l’entrée principale, place Xavier Neujean, ont retrouvé leur apparence originelle. De même, l’immense voûte en béton qui surplombait le grand hall des bassins sur plus de 80 mètres de long a été restaurée afin de rehausser sa beauté épurée. La structure existante des bassins et notamment les margelles ont été préservées et sublimées.
