Daniel Kehlmann : Ich und Kaminski

kehlmannNach dem Studium der Kunstgeschichte schlägt sich Sebastian Zöllner mit Aufträgen durchs Leben, die das gehobene Prekariat heute nicht nur in Berlin erwartet: Er schreibt Artikel und Rezensionen, versucht, mit geistreichen Bemerkungen bei Vernissagen den Chefredakteuren großer Kunstmagazine aufzufallen und zum bekannten Namen in der kreativen Szene zu avancieren. Gegen die ständige Unsicherheit und die Angst vor Konkurrenten, die womöglich schneller, besser, erfolgreicher sein könnten, scheint nur eines zu helfen: ein scheinbar unerschütterliches Selbstbewusstsein. Die junge Frau, die das Zugabteil verlässt, nachdem er sie minutenlang angestarrt hat, wartet sicher im Speisewagen und hofft auf mehr, die Abendgesellschaft, in der er polternd als ungebetener Gast erscheint, ist zweifellos hingerissen von seinen unterhaltsamen Anekdoten, und der große Wurf, der ihm endlich zum lang ersehnten Ruhm verhelfen soll, natürlich nur einen kleinen Schritt entfernt. Die Biografie über einen zu Unrecht vergessenen Künstler soll ihm das Tor zum Olymp der Kunstwelt öffnen und ihn aus seiner desolaten finanziellen Situation befreien. Und so wählt er den betagten Manuel Kaminski, einen ehemals von Picasso und Matisse hoch gelobten Maler, für seinen großen Coup. Leider kommt Zöllner bei seinen Recherchen die Tochter des Künstlers in die Quere. Um den offenbar erblindeten und auch sonst gebrechlichen Mann zu schonen, besteht sie darauf, dass er die Gespräche über Kaminskis Leben nur mit ihr führt und den Kontakt zu ihm selbst meidet. Schon sieht Zöllner seine ohnehin unsichere Lebensplanung in Gefahr, als sich unerwartet die Möglichkeit ergibt, gemeinsam mit dem Künstler der töchterlichen Aufsicht zu entfliehen. Es beginnt eine Irrfahrt voller Volten und Überraschungen, deren Ende nicht nur Zöllner ratlos zurücklässt.

Anders als die bekannte Vermessung der Welt ist dieser Text des jungen Autors Daniel Kehlmann weder mit Literaturpreisen überhäuft noch zum Muss im akademischen Smalltalk geworden, und zwar aus gutem Grund. Mit Witz und Ironie dekonstruiert er genüsslich alle pseudointellektuellen Gespräche, die der Code auf so genannten Kulturevents verlangt. „Wagreiner…, den müsse man aber kennen! Der male jetzt nur noch mit Milch und essbaren Substanzen. Warum, fragte ich. Er nickte, die Frage war ihm willkommen: wegen Nietzsche.“ Erfrischend ist nicht nur die Distanziertheit, mit der jede Beobachtung des Erzählers die Kunstindustrie und die Skrupellosigkeit ihrer Mitglieder karikiert, sondern auch die leise Selbstkritik, die in jedem dieser Sätze mitschwingt. Ein passender Roman für den Start in den literarischen Herbst!

Sabine Hackbarth
Octobre 2013

 

Französische Übersetzung: Moi et Kaminski, übersetzt von Nicole Casanova, Actes Sud 2004.

Sebastian Zöllner, diplômé en histoire de l’art, vivote au gré des commandes comme beaucoup de précaires qualifiés, à Berlin comme ailleurs. Il rédige des articles et des critiques, tout en essayant, par de subtiles réflexions glissées aux rédacteurs en chef de grandes revues d’art, de leur taper dans l’œil et de se faire un nom dans la sphère artistique. Vis-à-vis de ses concurrents, qui pourraient bien se révéler plus rapides, meilleurs que lui, ou mieux réussir, son angoisse ne connaît qu’un seul remède : une confiance en soi apparemment inébranlable. Cette jeune femme, qui quitte son compartiment de train après qu’il l’a fixée pendant de longues minutes, certainement l’attend-elle dans le wagon-restaurant, espérant plus de leur rencontre ; les participants à cette soirée à laquelle il s’invite, tonitruant, sont naturellement sous le charme de ses anecdotes croustillantes ; et le coup fumant qui lui apportera la gloire tant espérée est évidemment tout proche ! La biographie d’un artiste négligé à tort devrait ainsi lui ouvrir les portes de l’Olympe artistique et sauver ses finances moribondes. C’est pourquoi il choisit pour son coup d’éclat le vieux Manuel Kaminski, en son temps admiré par Picasso et Matisse. Malheureusement, la fille de l’artiste contrecarre ses recherches. Pour épargner le peintre, sénile et apparemment devenu aveugle, elle exige de Zöllner qu’il n’interroge qu’elle-même sur la vie de Kaminski, et qu’il évite le contact direct avec celui-ci. Zöllner voit déjà ses plans sur la comète en danger, lorsque s’offre subitement l’occasion pour les deux hommes de fuir la surveillance de la fille. Débute alors une errance pleine de rebondissements et de surprises, dont l’issue ne déboussolera pas seulement Zöllner…

kehlmann2Contrairement à ses Arpenteurs du Monde, ce texte du jeune auteur Daniel Kehlmann n’a ni été submergé de prix littéraires, ni été élevé au rang de must dans les bavardages universitaires, et c’est sans doute pour une bonne raison. En effet, il déconstruit délicieusement, tout en humour et ironie, l’ensemble des conversations pseudo-intellectuelles exigées par le code du Culture Business« Wagreiner… Tout le monde le connaît. Il ne peint plus maintenant qu’avec du lait et des matières comestibles. Pourquoi ? Demandai-je. Il hocha la tête, ma question lui plaisait : À cause de Nietzsche. » Un livre rafraîchissant, non seulement pour la distance avec laquelle chaque observation du narrateur caricature le monde culturel et l’absence de scrupules de ses représentants, mais aussi pour l’autocritique qui sourd dans chacune de ces phrases. Un roman parfait pour l’entrée dans l’automne littéraire !


Traduction par Bruno Dupont
Octobre 2013


Traduction française : Moi et Kaminski, traduit par Nicole Casanova, Actes Sud 2004.

 

 

crayongris2

Sabine Hackbarth est lectrice de langue et littérature allemandes à l'ULg et traductrice d'oeuvres philosophiques. Ses principales recherches portent sur la théorie de la culture et la littérature allemande.

 

crayongris2Bruno Dupont est chercheur en langue et littérature allemandes modernes. Ses recherches doctorales portent sur la représentation de l’ordinateur ainsi que des nouvelles technologies et médias dans la littérature allemande contemporaine.