Les créations des adultes : un écho libérateur

Depuis Petite Chose (pièce itinérante voyageant à bord d’un bus), trente années ont passé et les Ateliers ont bien grandi. Une trentaine de créations ont vu le jour, comme Enfant mouche (l’histoire d’un enfant taiseux mêlant réalité et féerie), Zoro et Jessica (fable animale, métaphore des problèmes familiaux) ou Tête à claques (un anniversaire catastrophe raconté par des jumeaux)...

Pour ce trentième anniversaire, les Ateliers proposent notamment Personne ne bouge ! Tout le monde descend ! Lore, mère célibataire d’une trentaine d’années, caissière dans un supermarché est licenciée après un congé de maladie. Désespérée, elle braque le magasin, puis s’engouffre dans le premier bus. C’est ainsi que Walid rencontre Lore.  À 17 ans, petit délinquant jusque là en décrochage scolaire, Walid est à un tournant de sa vie : il est en route pour son dernier examen de 4^e, condition sine qua non imposée par le juge pour éviter l’IPPJ. Dans ce bus, les choses se passent mal. L’un avec l’autre, ou l’un contre l’autre, ils échafaudent des plans et explorent l’une après l’autre toutes les voies sans issue. 

La pièce est présentée comme une construction théâtrale en cours. La scène jouée n’est pas définitive, les deux personnages s’accordent  pour la refaire d’une autre façon, encore et encore, s’interrogeant sur ce qui fonctionne ou, au contraire, ce qui paraît anormal dans le comportement de chacun comme dans la mise en scène. Ainsi, Personne ne bouge ! Tout le monde descend !  reflète tant le travail effectué au sein des Ateliers que les thématiques qui leur sont chères : la précarité, le chômage, la famille, la recherche d’identité, etc, traitées toujours avec la volonté d’ouvrir des pistes, de montrer qu’il est possible de ne plus être la victime d’une société manipulatrice. En ce sens,  les Ateliers font du théâtre militant et citoyen.

30 ans de créations… et de nouveaux projets

Pour raconter leur histoire, pendant ces trente années d’existence, les Ateliers de la Colline viennent de publier les textes de leurs créations théâtrales. Il s’agissait ainsi de questionner la transmission, à la génération qui est la leur et aux suivantes, de pièces par nature éphémères.

Désormais Les Ateliers de la Colline s’étendent. Les représentations tournent en Wallonie et à Bruxelles. Ils se rendent dans différentes écoles, un peu partout, pour travailler avec les enfants. Malgré leur ancrage sérésien revendiqué,  la compagnie se fait connaître, et reconnaître,  au delà des frontières.

Les Ateliers se sont aussi lancés dans la formation de futurs instituteurs d’école primaire, par un travail d’une semaine entière en différents ateliers. Une façon, pour ces étudiants de la Haute École de la Ville de Liège, d’apprendre à découvrir avant de transmettre à leurs élèves les techniques pour apprendre à se connaître et à exprimer par l’art théâtral des ressentis différents.

Finalement, les Ateliers de la Colline interrogent, depuis 30 ans, par monts et par vaux (mais d’abord à Seraing), les injustices sociales et les possibles révoltes qu’elles suggèrent…

Sylvie Grégoire
Septembre 2013

Sylvie Grégoire est étudiante en 2^e année de master en Arts du spectacle.