Saint Nicolas en Wallonie hier et aujourd'hui

Trois chansons de Saint-Nicolas d'Yvette Brismée-Antoine

1. (sur l'air du Valeureux Liégeois)

Grand St-Nicolas
Venez ici-bas
Emplissez nos corbeilles
Cahiers et crayons
Joujoux et bonbons
Mettez tout à merveille

Si Hanscroufe est encore fâché
Nous lui donnerons de l'avoine pour son âne
Si Hanscroufe est encore fâché
Nous lui donnerons du pain sec à manger

2.  

Saint-Nicolas
Patron des enfants sages
Pour te prier, je me mets à genoux
Entends ma voix,
À travers les nuages
Et cette nuit, apporte des joujoux

Je voudrais bien une ménagerie
Avec des fleurs et des petits oiseaux,
Une montagne, une verte prairie
Et des moutons qui boivent dans le ruisseau

Tralala tralala (bis)
Tralalalalala...
Lala

J'ai bien appris
Ma leçon de grammaire
Aux bonnes sœurs
J'obéis chaque jour
Et chaque soir,
Je dis bien mes prières
Pour que Dieu donne
À Maman d'heureux jours

Écoutez la chanson : 

3. 

Saint-Nicolas bonhomme
Apportez-moi des pommes
Des pommes et des raisins
Saint-Nicolas, c'est mon cousin.

Écoutez la chanson :

 

Que reste-t-il, septante ans après, des traditions décrites par Yvette ? À la maison, la télévision et l'ordinateur ont modifié les longues soirées d'automne. Chansons et poèmes sont toujours appris à l'école ; leur transmission spontanée, d'enfant à enfant, ou transgénérationnelle dans le milieu familial, a, par contre, quasi disparu. Les pluies de noisettes, de nic-nac ou de caramels se font rares, d'autant que les mamans ne portent plus guère de tabliers à grandes poches... La tradition des chaussures placées sur l'escalier ou près du foyer a mieux résisté mais les barres chocolatées ou les bonbons de fabrication industrielle y ont bien souvent remplacé les noisettes et « sujets » en chocolat.

Les galeries commerciales rivalisent d'ingéniosité pour attirer enfants et surtout parents. Dire que la visite au grand saint ne provoque plus la même angoisse et le même émerveillement est sans doute exact car cette visite se résume le plus souvent à : « - Bonjour, comment t'appelles-tu ? ». Arthur, Léonie ou Marvey décline alors son prénom, d'une voix fluette.

« - As-tu été bien sage ? ». La réponse est invariablement « oui » ...et le saint de remettre un petit sachet de friandises ou une poignée de chiques à l'enfant, sous l'objectif du photographe de service qui ne perd rien de la scène afin de monnayer peu après l'instantané auprès de la maman ou de la grand-mère.

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La tradition de l'assiette vide déposée, le soir du 5 décembre, sur la table du living, auprès d'un verre de pèket pour le saint et de carottes pour son âne, a résisté dans quelques familles. Elle se perd néanmoins, d'autant que le passage de saint Nicolas n'est pas toujours programmé en date du 6 décembre matin. Difficile de mettre son assiette quand le saint « passe » le samedi à 16 heures ou le dimanche à 13 heures... De plus, les friandises sont le plus souvent vendues sur une assiette de carton ou de plastique toutes préparée, à la boulangerie ou dans la grande surface où saint Nicolas s'approvisionne habituellement. Parmi les fruits, seules les mandarines ont encore la cote. Pommes, noix et noisettes ne sont plus à la mode et il est loin le temps où l'unique orange était un cadeau convoité. Les bounames (bonshommes de pâte), massepains, spéculoos et couques de Dinant en forme de saint font heureusement encore briller les yeux des petits car le chocolat, consommé quasi quotidiennement, n'est plus une surprise. Le choix des jouets est moins souvent dicté par la tradition que par les campagnes de marketings des sociétés multinationales spécialisées. De façon générale, nous dirons qu'ils sont plus colorés, plus emballés, plus fragiles aussi que leurs ancêtres et qu'il serait impensable aujourd'hui de recevoir, comme Yvette, de « petits meubles fraîchement repeints » et d'anciennes poupées « vêtues de neuf ». 

Le changement le plus important en matière de coutumes est sans doute l'omniprésence de saint Nicolas dans la vie sociale, favorisée sans doute par notre société de consommation. Aujourd'hui, l'enfant reçoit jouet ou friandise chez tous les membres de la famille, voire chez les amis ou voisins des parents, il en reçoit à l'école, à la crèche ou chez la gardienne et dans les clubs sportifs, mouvements de jeunesse, écoles de musique, etc., qu'il fréquente au long de l'année. La Saint-Nicolas se fête aussi dans les homes de personnes âgées, dans les associations, les clubs de loisirs, les théâtres et semble n'être réservée à aucune classe d'âge. Il est loin le temps où seuls les petits garçons quêtaient de porte à porte pour obtenir de la farine, du beurre, du sucre et des œufs, qu'une fois rentrés à la salle du village ou à l'école, ils donnaient aux mamans volontaires ou à l'institutrice pour qu'elle leur confectionne des gaufres ou des galettes. Nous avons observé cette coutume pour la dernière fois à Merlemont (Philippeville) en 1976.

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Françoise Lempereur
Novembre 2009


crayon
Françoise Lempereur a soutenu une thèse de doctorat sur la transmission du patrimoine immatériel, matière qu'elle enseigne aux étudiants de master en Histoire de l'art et en Communication de l'ULg.

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