Profession : saint Nicolas
saint nicolas Marcel Janssens

Le 29 octobre dernier, pour préparer son article, Françoise Lempereur a rencontré saint Nicolas...ou plutôt celui qui, depuis 35 ans, incarne le saint lors des fêtes de fin d'année, à Liège et dans les environs. Cette rencontre ne vaudrait pas mention sur notre site si ce Liégeois n'était aussi et surtout un spécialiste de saint Nicolas, en relation avec des historiens et des théologiens universitaires du monde entier, avec qui il échange informations et documents.

 

Marcel Janssens, d'où vous est venue cette passion pour saint Nicolas ?

Voilà 35 ans que j'incarne saint Nicolas, pour le plus grand bonheur des enfants liégeois. Progressivement, j'ai acquis ou fait confectionner des ornements sacerdotaux personnels, une crosse et un anneau pastoral. J'ai même obtenu d'un voisin, ingénieur agronome, de la myrrhe odorante, parfum des évêques du temps de saint Nicolas.

Il y a vingt ans, intrigué par le fait que plusieurs effigies anciennes du saint lui attribuaient une chape de couleur verte, j'ai commencé à collectionner les représentations et à m'intéresser à l'histoire du personnage. Au cours de ces dernières années, j'ai saisi deux opportunités pour m'y consacrer davantage : ma retraite professionnelle et l'arrivée d'internet. Grâce à mon ancien métier de chauffeur routier international, j'avais appris à parler quatre langues et cela m'a permis de correspondre avec des spécialistes du monde entier.

 

Vous avez aussi effectué des recherches dans les différents lieux liés à la vie de saint Nicolas.

Oui, je me suis rendu dans de nombreux lieux de culte, notamment les plus connus, Saint-Nicolas-de-Port en France et Myra en Turquie, et, chaque année, j'assiste aux fêtes qui commémorent la translation des reliques à Bari, en Italie.

 

saint nicolas
Liège, 28 novembre 2009. Photo ©Jim Sumkay  No comment. Musée en plein air de l'ULg
 

En Turquie, vous vous êtes recueilli sur la tombe du saint ?

Pas exactement car le Père Cioffari, qui a soutenu une thèse de doctorat en sciences ecclésiastiques orientales, est d'accord avec moi pour dire que la tombe que visitent actuellement à Myra des centaines de pèlerins, n'est pas celle du saint. Des fouilles archéologiques démontreront sans doute dans les prochains mois que la véritable tombe se situe non loin de là.

 

À Bari, vous avez vos habitudes...

Du 7 au 11 mai de chaque année, je vais à Bari, où je me suis fait un grand réseau d'amis. Ma chambre est réservée d'année en année dans la même auberge et les mêmes personnes m'accueillent à l'aéroport pour m'y conduire. Pour les fêtes proprement dites, j'ai même disposé une fois d'un laissez-passer accordé seulement à deux cents personnes, afin de pouvoir assister, dans la crypte de la basilique Saint-Nicolas, à l'extraction de la « Manne », le 9 mai. C'était un privilège exceptionnel d'être présent à ce moment émouvant, en compagnie des autorités de la ville et de la région mais aussi de dignitaires catholiques, anglicans, orthodoxes et bouddhistes. 

Faites-vous mention alors de votre habitude d'incarner le personnage en Belgique, aux environs du 6 décembre ?

La plupart de mes amis présents connaissent cet aspect des choses et parmi eux se trouve un « confrère », prélat anglican, qui se déguise lui aussi en saint Nicolas chaque année. Mais à Bari, je ne porte que des habits civils et l'on m'y accueille comme spécialiste du saint plutôt que comme incarnation d'une tradition... qui n'est pas connue dans cette région. Personnellement, je ne revendique pas ce titre de « spécialiste » mais, à force d'avoir fréquenté les bibliothèques et les sites internet dédiés au saint, d'avoir recueilli des documents et des objets, collectionné les livres et les photos, je suis devenu une référence pour les chercheurs et suis heureux qu'un petit camionneur qui n'a fait que des études professionnelles puisse aider ainsi des universitaires...

  saint nicolas MArcel janssens
 Photo d'amateur - Saint-Nicolas au boulevard d'Avroy à Liège ©M. Janssens

 


 

Propos recueillis par Françoise Lempereur
Novembre 2009

 

 

crayon
Françoise Lempereur a soutenu une thèse de doctorat sur la transmission du patrimoine immatériel, matière qu'elle enseigne aux étudiants de master en Histoire de l'art et en Communication de l'ULg.