Les 23 et 24 août 2013, Ferrières accueille la huitième édition du Bucolique Festival. Cette année encore, le programme se cristallise autour d’accents électro et pop-rock, s’appuyant tant sur des grands noms de la scène musicale que sur des découvertes séduisantes. Avant-goût de ce week-end festif.

Une affiche fidèle à sa réputation

Le vendredi 23, le festival démarre sur les chapeaux de roue avec son habituel volet consacré à la musique électro. Avec une prestigieuse tête d’affiche pour animer la soirée : le DJ liégeois Compuphonic, de son vrai nom Maxime Firket. Il distille depuis quelques années déjà une tech-house aux mélodies suaves : après un début de carrière prometteur – qui voit une collaboration avec Kolombo et avec les Spirit Catcher –, il rejoint le groupe électro-rock MVSC puis lance son propre label, Union Match Music. La sortie de son EP Space Continuum, en 2010, marque un tournant vers des harmonies plus progressives. Alors que son dernier album, sur le label allemand Get Physical, est toujours en préparation, son single Sunset affole le net depuis plusieurs mois, lui ouvrant les portes de nombreux festivals ; le public a pu l’applaudir aux TransArdentes cet hiver.

Mais la session électro du Bucolique ne se limite pas à la deep-house de Compuphonic : les Loulous Players sont également de la partie. Les deux DJ namurois, Kolombo et Djérôm, jouissent d’une reconnaissance qui dépasse les frontières de la Belgique – notamment grâce aux EPs électro-house produits sur le label de Sharam Jey, King Kong Record, mais aussi par leurs remixes d’artistes confirmés. Enfin, cette soirée électro est aussi l’occasion de découvrir Zénobe & Gaston ; ce duo aux accents swing puisent leur inspiration dans les big bands qui ont tissé l’âge d’or du jazz, américain mais aussi français.

Le samedi 24, le festival se poursuit sur une sélection pop-rock. Une des valeurs sûres du programme est la rencontre avec l’auteur-compositeur et interprète suisse Bastian Baker (photo ci-contre). Remarqué par le directeur du Montreux Jazz Festival, Claude Nobs, il est rapidement propulsé sous le feu des projecteurs helvétiques avec son premier succès Lucky. Ses sonorités rock, balancées par une guitare acoustique subtile, se teintent d’un accent folk qui leur donne une touche intemporelle ; son premier album, Tomorrow May Not Be Better, témoigne de ses riches influences. C’est à l’occasion de sa tournée en France (où il joue devant un Olympia comble) et en Belgique qu’il vient réchauffer la scène du Bucolique.

Suarez (photo à gauche) n’est plus à présenter : le quatuor belgo-malgache est devenu, en quelques années, une icône incontournable de la pop francophone. Après le succès de leur premier album On attend, ils livrent un second opus de qualité, L’indécideur, en 2010. Avec des inspirations au croisement des musiques du monde (et plus particulièrement les mélodies malgaches), de la pop anglo-saxonne et de la chanson française, ils renouent avec l’affiche du Bucolique Festival, après un premier passage en 2011 : ce sera l’occasion pour le public d’entendre leur dernier single fraîchement sorti, Un souffle de délire.

Armé de leur nouvel album Eternity, les bruxellois d’Alpha 2.1 viendront ébranler la scène de Ferrières. Pour ces nouvelles compositions, leur source d’inspiration première est à chercher dans le studio de Mister Gee, un des membres du trio : les anciennes technologies y règnent en maître. Puisant dans les sonorités électroniques de l’ère 8bits, ils convoquent également des univers musicaux variés, que ce soit le rock, le jazz ou encore la pop de Michael Jackson.

Après un premier passage au Bucolique en 2009, Piano Club s’inscrit à nouveau au programme de l’édition 2013. Le groupe, emmené depuis plusieurs années par l’Anthony Sinatra d’Hollywood Pornstars, signe son premier succès avec le morceau Girls on TV ; ils diffusent alors leur son électro-pop sur un format K7 très vintage. Après une courte pause, ils enchaînent depuis 2009 concerts, festivals, et un premier album, Andromedia (2010). Ils reviennent sur scène au Bucolique avec une nouvelle perle ensoleillée : leur second album Colore.

La venue de Pale Grey ravira les amateurs d’indie pop ; le groupe liégeois vient de sortir Best Friends – avec comme producteur Anthony Sinatra, encore lui. Avec leur style éclectique et leur griffe sobre, qui s’inspire à la fois de l’indie, de la musique électronique et du hip hop, le quatuor pop instillera une ambiance chaude et intimiste sous le ciel de Ferrières.

L’affiche fait également la part belle au collectif The Peas Project, formé en 2003 à Bruxelles. La musique des onze artistes mélange savamment l’électro, le hip hop,  l’afrobeat mais également la pop et le funk – comme en témoigne les différents morceaux de leur dernier album, Power and Romance, sorti en 2010.

Ce tour d’horizon de la programmation se clôture sur la venue des Dalton Télégramme, qui sèment des textes en français sur les tonalités de la folk américaine. Avec un premier album prévu à l’automne, le jeune groupe est très sollicité à l’affiche des différents festivals de l’été ; son style enlevé conjugue la chaleur des guitares outre-atlantique et le franc-parler d’un Gainsbourg. Enfin, rappelons que, cette année encore, les environs du festival s’animeront au fil des fanfares, des jongleurs et d’artistes divers, histoire de prolonger le plaisir de la scène à la rue....

Un retour aux sources

C’est le site du Tchafour, en semi plein-air, qui accueille cette année les festivaliers :  un retour aux sources pour le Bucolique, puisque ce lieu avait vu se dérouler plusieurs éditions du festival. Mais le nom « Bucolique » n’est pas uniquement un clin d’oeil au cadre verdoyant de Ferrières : il correspond également à une volonté de promouvoir, au sein même de cet événement, l’écologie et le développement durable. Gobelets réutilisables, tri des déchets, suppression des tickets boisson, limitation du nombre de feuillets publicitaires : autant de mesures mises en place par les organisateurs, afin de sensibiliser les festivaliers à la problématique du respect de l’environnement ; cette initiative se prolonge sur le forum du festival, qui permet d’organiser facilement des covoiturages. Mais l’écologie n’est pas la seule préoccupation du Bucolique : cette dimension citoyenne se complète d’un partenariat avec Modus Fiesta, association spécialisée dans la prévention des assuétudes, ainsi qu’avec l’asbl La Teignouse, qui lutte contre toute forme d’exclusion sociale. 

Un festival bénévole

L’histoire du Bucolique Festival s’est nouée il y a quelques années déjà, avec la création d’une Fête de la Musique au début des années 90 ; en 2002, l’équipe (qui s’est constituée en association) se lance dans l’organisation de plusieurs concerts par an. Devant le succès croissant de ces événements, elle met sur pied, en 2006, la première édition du Festival – qui se tient alors sur une seule journée. À nouveau, le public répond présent, permettant à la déclinaison actuelle du festival de voir le jour. De nombreux groupes ont foulé ses planches au cours des sept éditions précédentes : Puggy, Suarez, Aeroplane, mais aussi An Pierlé, Malibu Stacy, Girls in Hawaii, Hollywood Porn Stars, Été 67, Montevideo... Et la liste est encore longue. Une caractéristique, suffisamment rare que pour être soulignée, démarque le Bucolique des autres festivals : il fonctionne entièrement sur base de bénévolat, porté par une équipe solide. Avec son affiche soigneusement sélectionnée, par et pour des passionnés, l’édition 2013 ne fait pas exception à la règle : le Bucolique Festival sera un des rendez-vous incontournables de l’été. 

Julie Delbouille
Juin 2013

 Julie Delbouille est étudiante en 2^e master de médiation culturelle.