Histoire
Rémy Cazals et André Loez, Vivre et mourir dans les tranchées
Connaissant «une régression épouvantable de leur condition d’existence», les soldats des tranchées ont bien dû, pendant quatre ans, «continuer à vivre». Leur quotidien est raconté ici à partir de carnets de bord, de lettres ou de souvenirs. Du creusement des tranchées au retour à la vie civile, en passant par l’aménagement des lieux, les offensives, le ravitaillement, la perte des repères temporels, la promiscuité et la solidarité, l’absence des femmes, les moments de cafard et de désespoir, les échappatoires comme le sport ou la lecture. Mais aussi, poussés à leurs extrémités, les désertions et mutineries. (Texto)
Max Deauville, Dans la boue des Flandres
Engagé volontaire, le Belge Maurice Duwez (1881-1966), Max Deauville de son nom de plume, traversa la Première Guerre mondiale comme médecin de bataillon. Nous le découvrons au début de ce récit en août 1914, hébergé chez l’habitant à Wavre, pour le quitter en janvier 1916 à La Panne. Entrer les deux, nous sommes témoins de son quotidien, de ses incessants déplacements avec ses compagnons, tentant d’éviter les obus allemands, de sa vision horrifiée des villages détruits, de la vie dans les tranchées, etc. Hospitalisé pour des troubles cardiaques, celui qui a déjà publié trois romans et une pièce de théâtre, écrit Jusqu’à l’Yser publié en France l’année suivante. Il reprend du service l’été 1917 et sera démobilisé au lendemain de l’armistice. La Boue des Flandres constitue un témoignage à vif de ce qu’ont vécu pendant de longs mois les soldats de la Grande Guerre. (Espace Nord)
Blaine Harden, Rescapé du camp 14
A 22 ans, Shin Dong-hyuk s’évade du camp nord-coréen où il se trouvait depuis… 22 ans. C’est en effet là qu’il est né, a été éduqué, dénonçant ses camarades de captivité. A quatre ans, il a vu une fillette battue à mort parce qu’elle avait cinq grains de maïs en poche. A 13 ans, il est torturé puis enfermé dans une prison souterraine tandis que sa mère et son frère aîné sont pendus. Sans du tout se révolter. Au contraire, tout cela, il l’approuve. Voilà la Corée du Nord, le système de répression mis en place par Kim Il-sung. Blaine Harden a recueilli son témoignage. Il raconte sa fuite, son arrivée en Corée du Sud et sa déception de voir que ses habitants ne s’intéressent guère à leurs frères nordistes. Mais le journaliste américain a aussi mené son enquête afin de comprendre comment et pourquoi un tel pays existe encore aujourd’hui. (10/18)
Alexander Werth, Leningrad, 1943
872 jours: le siège de Leningrad, du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944, fut le plus long de l’histoire moderne jusqu’à celui de Sarajevo dans les années 1990. Alexander Werth (1901-1969), né dans cette ville du temps où elle s’appelait encore Saint-Pétersbourg, l’a en partie vécu comme correspondant de guerre pour la BBC. Cette tragédie qui a entraîné la mort d’1,8 million de Soviétiques, dont 700 000 civils morts de faim, il la raconte dès lors de l’intérieur. Ce n’est pourtant qu’en septembre 1943, alors que l’Armée rouge a réussi quelques mois auparavant à légèrement desserrer le blocus allemand et que la liaison ferroviaire a été rétablie, qu’il reçoit l’autorisation de pénétrer dans la ville régulièrement pilonnée. Son récit est passionnant en ce qu’il montre comment les Léningradois sont parvenus, malgré la faim, à résister sans jamais perdre totalement espoir. (Texto)
Pierre Goubert et Michel Denis, Les Français ont la parole
«Une réforme indispensable et urgente sur la manière dont la justice est administrée, surtout dans les campagnes.» Par ces mots, l’abbé de Dracy, près d’Auxerre, commence sa doléance à Louis XVI reprise ici parmi des dizaines d’autres. Après un vaste tour d’horizon de la situation sociale, économique et politique du pays à la fin de l’Ancien Régime, les auteurs expliquent pourquoi, pour la première fois depuis 175 ans, le roi est amené à convoquer les Etats-Généraux, à organiser de larges élections et à «donner la parole au peuple». Et c’est cette parole qui fait l’objet de cet ouvrage. Des milliers de cahiers rédigés partout en France, les deux historiens ont extrait un grand nombre de doléances classées par sujets: l’apparition de la conception de l’unité nationale, la vénalité des nobles et des privilégiés, le poids des impôts dont souffre le Tiers-Etat, notamment la gabelle perçue comme particulièrement injuste, le manque d’écoles où les maîtres sont en outre mal payés, et aussi, dans le chef du clergé, la dépravation des mœurs, voire un certain dépérissement de la foi. (Folio Histoire)
David O’Connell, Les propos de Saint-Louis
«Saint-Louis par lui-même.» C’est ainsi que Jacques Le Goff, grand biographe du personnage, définit dans sa préface cette entreprise novatrice. David O’Connell a principalement composé son livre de propos que ceux qui l’ont connu ont mis dans la bouche du saint roi, lui-même ayant laissé très peu de textes personnels. «L’importance essentielle de ce dossier aujourd’hui, c’est qu’il constitue un corpus», s’enthousiasme le préfacier. Et ce corpus original peut constituer une aide précieuse pour comprendre la psychologique de cet homme qui est roi et saint et «ne songe qu’au salut des âmes, celles de son peuple, celles des Chrétiens, celles des infidèles». Ses propos sont répartis thématiquement: l’argent, l’Eglise, la Croisade, la guerre, la justice, la piété, la famille, la foi et même les jurons. Quand il voulait affirmer quelque chose avec force, rapportent ses contemporains, il disait: «Vraiment, c’est ainsi!»
Antoine Vitkine, Mein Kampf, histoire d’un livre
C’est dans la prison de Landsberg, où il a été enfermé après son coup d’Etat raté de novembre 1923, qu’Hitler écrit Mein Kampf dans lequel il expose son idéologie et ses obsessions (contre la démocratie, le France le bolchévisme, le métissage racial, l’antisémitisme…). Publié en 1925, vendu à plusieurs millions d’exemplaires avant-guerre, ce cri de haine annonçant les horreurs à venir n’a pourtant pas alerté les pays occidentaux, même après l’arrivée au pouvoir de son auteur. On découvre, sous la plume d’Antoine Vitkine, comment ce livre, traduit dans de nombreuses langues (notamment en français ou en turc où il est un best-seller), a servi de ciment au parti nazi, donnant une assise doctrinale à son leader. Qui, devenu chancelier, est parvenu, en fin politique, à se jouer des dirigeants européens. Plus inquiétant, Vitkine montre que cet ouvrage est encore «un livre d’avenir». Présent dans les librairies de plus de vingt pays, il n’a été interdit que ces dernières années dans une demi-douzaine d’autres. Sur le site américain d’Amazon, il est l’un des ouvrages les plus commentés par les lecteurs. Et il est abondamment lu par les fondamentalistes islamistes. (Champs Histoire)