Le Théâtre de Liège, un nouvel écrin pour les arts du spectacle

sijemeursL’année de l’Allemagne à l’ULg sera l’occasion de découvrir Si je meurs, laissez le balcon ouvert. Ce spectacle dansé, hommage au poète Federico García Lorca et au chorégraphe et danseur Dominique Bagouet, est orchestré d’une main de maître par Raimund Hoghe — qui avait marqué les esprits en tant que dramaturge de Pina Bausch. Entouré de huit danseurs, il explore les thèmes du deuil et du souvenir, en s’appuyant sur les musiques de Bach, de Purcell et sur des chants traditionnels du sud de notre continent.

Si je meurs, laissez le balcon ouvert ©Rosa Franck

pennacDans le cadre de Livr@ado (la journée du livre organisée par la Province de Liège), l’écrivain Daniel Pennac nous offre son récent roman, le Journal d’un corps ; au fil de ce texte intime et sans artifices, le narrateur s’attache à évoquer le vécu de son corps, depuis son adolescence jusqu’au crépuscule de sa vie.

Daniel Pennac. DR

Au mois de novembre, le metteur en scène Emmanuel Daumas s’approprie Anna : ce téléfilm emblématique de la culture des années 60, réalisé par Pierre Koralnik, se transforme en comédie musicale. Soutenus par les mélodies de Gainsbourg, Cécile de France et Grégoire Monsaingeon interprètent des personnages profondément actuels,  emprisonnés dans la toile illusionniste des images virtuelles.

Le programme met également à l’honneur des adaptations tirées de grands classiques du théâtre. Avec L.E.A.R. (abréviation de «Les Enfants n’Auront Rien»), Antoine Laubin et Thomas Depryck re-visitent la tragédie incontournable de Shakespeare : six acteurs et autant d’histoires, qui épinglent la soif de puissance, la tromperie, l’injustice. Ce projet, produit par le Théâtre de Namur, est le fruit d’une collaboration entre plusieurs institutions du réseau 4 à 4.

Une autre perle vient agrémenter cette affiche : Dopo la battaglia, de Pippo Delbono.  Personnalité essentielle du théâtre contemporain, invité à l’ULg par le passé, le metteur en scène italien avait déjà ravi le public avec Questo Buio Feroce (en 2006) et La Menzogna (en 2010). Sa prose acerbe, qui dissèque sans concession le monde politique italien, fait écho à nos propres préoccupations ; conservant son style épuré et efficace, il signe ici une de ses œuvres les plus fortes.

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Dopo la battaglia ©Lorenzo Porazzini

À l’approche des fêtes de fin d’année, les planches liégeoises vibreront au son du dialecte wallon, avec Les Vwès del nut’. Écrite en 1961, cette intrigue policière de Jean Rathmès est mise en scène par Élisabeth Ancion et interprétée par François-Michel van der Rest — impressionnants avec leur Causerie sur le lemming, lors du Festival Emulation 2008. Une plongée très attendue dans un parler presque révolu, mais dont les accents restent chaleureusement familiers aux oreilles du public wallon.

tragediecomiqueLa programmation recèle une autre pépite, pour le réveillon de la Saint-Sylvestre : La tragédie comique, signée Ève Bonfanti et Yves Hunstad, et créée en 1988. Seul en scène, ce dernier questionne la création théâtrale ; avec un humour emprunt de gravité, il tente de définir les limites de la relation qui se noue entre un comédien et le personnage qu’il incarne, entre le réel et sa représentation.

Tragédie comique ©Stéphane Gaillochon

Le metteur en scène Jean-Michel d’Hoop entame l’année 2014, avec une pièce de Charles-Ferdinand Ramuz et Igor Stravinsky : L’histoire du soldat. Ce récit, qui évoque un pacte entre le diable et un soldat qui y perdra jusqu’à son âme, était destiné aux soldats du front, au cours de la première guerre mondiale. Terminé après 1918, il est relégué aux oubliettes jusqu’à aujourd’hui : dans un contexte de terrorisme et de militarisation massive, il semble revêtir un sens nouveau. Accompagné par un mélange de musique de cirque, de fanfare et de jazz, Jean-Michel d’Hoop renoue avec l’emploi des marionnettes — en partie réalisées par l’artiste coréen Xooang Choin — qui avait fait le succès de La Tempête.

Les anciens metteur en scène et scénographe de la Compagnie Arsenic, Axel de Booseré et Maggy Jacot, animeront la scène liégeoise avec Alpenstock, de Rémi De Vos. À travers l’histoire d’un mari qui s’enferme dans un nationalisme xénophobe et d’une épouse qui sombre dans un amour passionné avec un étranger, cette œuvre interroge, sur le ton de la farce, la montée de l’extrême-droite et la problématique de l’immigration.

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