
Un lieu d’art et de vie
Avec leurs 7800 m2 fraîchement rénovés, les bâtiments de la Société Libre d’Émulation accueillent désormais deux salles de spectacle — la salle de la Grande Main et celle de l’Oeil vert, de respectivement 557 et 145 places —, une salle de répétition, ainsi que des ateliers pour l’assemblage des scénographies et la fabrication des costumes. Tout comme le logo, l’organisation des représentations est également modifiée : les spectacles sont avancés à 20h (19h le mercredi et 16h le dimanche), et seront précédés d’une introduction explicative. Un élément reste cependant inchangé : la richesse de la programmation. Elle oscille cette année entre adaptations contemporaines d’œuvres classiques (dont William Shakespeare, Federico García Lorca ou encore Albert Camus) et découvertes du répertoire actuel. Comme l’affirme Serge Rangoni, «cette saison sera résolument tournée vers la nouveauté».
Mais loin d’être uniquement dédié aux seules représentations, ce nouvel espace se veut également être un lieu d’échange : un bar, un restaurant, une librairie, un centre de documentation, une salle de lecture et des espaces pour l’accueil des écoles viennent compléter les locaux dévolus aux spectacles. Enfin, le bâtiment comporte un espace d’exposition, la salle des Pieds Légers : pour la saison 2013-2014, une collaboration avec le Musée des Arts Contemporains permettra d’y découvrir les plasticiens Mark Lewis, Angel Vergara Santiago, David Claerbout, ainsi que Simona Denicolaï et Ivo Prouvost. Avec le concours de ces installations très complètes, Serge Rangoni et son équipe espèrent faire du Théâtre de Liège un lieu culturel animé et convivial, vivant non seulement les soirs de spectacle mais également en journée.
Des murs chargés d’histoire
Cette volonté de transformer la place du 20-août en rendez-vous incontournable de la culture liégeoise fait écho à l’histoire du bâtiment investi par le Théâtre de Liège. Siège de la Société Libre d’Émulation depuis sa création en 1779, il subit des dommages irréparables au cours la première guerre mondiale. Reconstruit dans l’entre-deux-guerres, il est réquisitionné dès 1940 ; lorsque la Société Libre le réintègre à la fin du conflit, il redevient pour quelques années un lieu d’expositions et de spectacles très apprécié des liégeois. À la fin des années 70, des difficultés financières majeures obligent la Société à mettre les locaux en location : viennent s’y installer la section des Arts de la parole du Conservatoire ainsi que le Centre Henri Pousseur. À la fin du bail, en 2004, les locaux sont marqués par les dégâts du temps : une grande rénovation s’impose. Confié à la Ville de Liège et destiné à accueillir le Théâtre de Place, ce lieu a désormais retrouvé une seconde jeunesse grâce aux architectes Pierre Hebbelinck et Pierre De Wit. L’intérieur est habillé d’interventions artistiques du plasticien Patrick Corillon. De courts textes viennent émailler le parcours des professionnels et du public au sein des différents espaces : «Mon travail a été pensé très en amont et en lien étroit avec l’architecte du bâtiment, Pierre Hebbelinck, avec lequel j’ai eu de très nombreuses réunions, il s’agissait que ces interventions soient totalement en phase avec l’architecture elle-même ; et que par ailleurs, elles intègrent l’idée d’une déambulation, d’une circulation». Cette transformation de longue haleine, qui a captivé l’attention des liégeois au cours des derniers mois, se laissera découvrir sous toutes ses coutures lors de l’inauguration...