Le Théâtre de Liège, un nouvel écrin pour les arts du spectacle

Une inauguration festive

romeoDu 3 au 6 octobre, le Théâtre de Liège pend la crémaillère : ce week-end d’ouverture signe le lancement officiel de la saison 2013-2014. Le jeudi 3, le rendez-vous est pris avec Thierry Smits et trois élèves de l’Académie Grétry, qui investiront la salle de l’Œil vert avec une allégorie du théâtre en trois actes : la Petite Tragédie. La soirée continue dans la salle de la Grande Main avec le Roméo et Juliette d’Yves Beaunesne. Une Capulet flamande et un Montaigu wallon vivront leurs amours au son d’une création musicale du groupe liégeois My Little Cheap Dictaphone — dont le batteur Simon Fontaine bénéficie du statut d’étudiant-artiste à l’ULg.

Roméo et Juliette ©Guy Delahaye

corillonLa suite des festivités se partagera entre découvertes des bâtiments, interventions musicales, théâtrales ou encore dansées, mais aussi rencontres, conférences et soirée avec DJ. Quatre performances viennent compléter cette inauguration. Avec Michel Dupont, réinventer le contraire du monde, Anne-Cécile Vandalem évoque la quête de liberté d’une femme, enfermée pendant près de trente ans dans le sous-sol de sa maison. Le public retrouvera My Little Cheap Dictaphone le temps d’une session pop-rock, tandis que Patrick Corillon proposera deux récits-performance, Le Benshi d’Angers et L’Ermite ornemental (photo : Patrick Corillon).

 

Un programme riche et exigeant

justesAprès le week-end d’inauguration, le jeune acteur belge Mehdi Dehbi — remarqué et remarquable dans Le Fils de l’Autre de Lorraine Lévy — reprend le flambeau avec Les justes d’Albert Camus (photo ci-contre). Écrite en 1949, cette pièce avait pour toile de fond la Russie de 1905 et son parfum de révolution. S’inspirant des conflits qui agitent actuellement le Proche-Orient, Mehdi Dehbi en livre une adaptation en arabe classique, qui interroge les contraintes imposées à la jeunesse ; un dispositif scénique original plonge le spectateur au coeur du jeu des acteurs, originaires de Syrie et de Palestine.

Treize ans après sa dernière apparition sur la scène liégeoise, l’incontournable Peter Brook, accompagné de Marie-Hélène Estienne et Franck Krawczyk, remet le couvert avec The Suit. La trame de cette œuvre se noue autour d’un costume, preuve coupable abandonnée par un amant en fuite, devenu objet de vengeance pour le mari lésé. Après une première édition en français, le metteur en scène mise cette fois sur une version musicale et anglophone, portée par des comédiens sud-africains.

fattierAprès La possibilité d’une île en 2010, Aurore Fattier revient cette année avec L’amant (photo ci-contre). Cette pièce, qui porte la griffe subtile du prix Nobel de littérature Harold Pinter,  évoque l’histoire d’un couple qui, derrière le masque de la banalité, se débat avec les conventions sociales, tâchant de retrouver une forme de liberté dans l’assouvissement de ses pulsions.

Dans le cadre du projet de coopération artistique TOTAL THEATRE — qui rassemble six institutions culturelles de la Grande Région —, le Théâtre de Liège accueille Phèdre, œuvre du grec Yánnis Rítsos. Derrière l’intemporalité du mythe, le discours du poète s’ancrait profondément dans l’actualité de la Grèce, dénonçant le régime dictatorial du général Metaxas. Deuxième volet d’une trilogie, Phèdre est mise en scène par Enrico Bagnoli et interprétée par Marianne Pousseur — qui a déjà incarné l’Ismène de Rítsos avec brio.

Le programme se poursuit avec Money ! de Françoise Bloch. Se penchant une fois encore sur le monde de l’entreprise (après Grow or go et Une société de services), la metteur en scène conjugue enquêtes de terrain et lectures approfondies pour nous livrer une réflexion sur les exigences toujours plus élevées de performance et de rentabilité ; le jeu scénique, qui mêle le texte et la vidéo, est incarné par les acteurs du Zoo Théâtre.

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