C’était à cinq heures en automne,
rue de Lille à Paris, pas loin de chez Lacan.
Une femme passait qui s’appelait Lillith.
Mais si vous la voyez, passez votre chemin.
L’enterrement de Mozart se joua sans témoin.
Pensez au chien.
Une gravure représentant l’enterrement de Mozart dans la vitrine d’une boutique, une négociation étonnante avec un vieillard divaguant, qui tient à parler de la mort de son chien philosophe kantien… tels sont les éléments de ce « conte baroque » qui sert de livret à l’opéra de chambre de Bruno Mantovani.
Le vieillard – Que voulez-vous savoir encore ?
Le visiteur – Cette gravure…
Le vieillard – Quel est votre métier ?
Voix - Il ne la vend pas.
Le visiteur – Physicien… Pourquoi ?
Le vieillard – Ah, oui, musicien… toujours ce bel hasard.
Voix – Il la lui vend.
Le visiteur – Physicien !
Le veillard – Oui, oui, musicien… je le savais.
Le visiteur – Physicien !
Le veillard – Oui, oui, musicien… Vous la voulez ?
Voix – Il a lui vend. Il la lui vend.
Le vieillard – Vous la voulez ?
Le visiteur – Si je la veux… Si je veux la gravure ?
Voix – Il la veut, il al veut, oh oui, comme une femme !
Le livret de Nyssen, rédigé en vers libres, est truffé d’allusions : à la vie de Mozart, bien sûr, mais aussi à la Bible (C’est Lillith qui montre le tableau au visiteur), à Lacan, à Kant… La musique de Bruno Mantovani accentue le côté onirique, étrange et parfois humoristique (Le CD est inclus).
Claudine Purnelle
Juin 2013
Hubert Nyssen, L’enterrement de Mozart, Actes Sud, Coll. Musicatreize, 2008
Livret d’Hubert Nyssen. Musique de Bruno Mantovani. Illustrations d’André Beaupère.
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