
Les pierres de la ville se disjoignent sous les herbes de jardins sauvages. La réflexion s’astreint au quotidien, avec ça et là une rupture, un envol, comme une honte, un éclat de rire. « des phrases qui respirent / […] naissent en moi comme naissent vivants / les papillons de nuit des greniers en tout genre » Des phrases qui chantent – oui, de cette poésie qui craint la poésie comme on se détournerait d’une mère sans voir qu’en la maudissant on la dit encore. Qui craint la beauté, la bonté, le soin… sans que s’en distancier est encore une façon de les reconnaître. Il y a dans l’exercice d’une myopie voulue, rivée à l’hic et nunc, une immense nostalgie (des hauts-plateaux du Kivu ?) qui plane entre les lignes. C’est sans doute cela qui charme notre lecture.
moi j’avais les papilles et le sang en émoi
quand je voyais la tourbe engloutir les lichens penchés
les noyer sans scrupule
[…] j’attends impatiemment la poussée des liserons pour
étouffer le lierre qui envahit le mur
Rose-Marie François
Juin 2013
Emmanuelle IMHAUSER, mise en pages, Atelier de l’agneau, 2012
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