Dan Fante - Bons baisers de la grosse barmaid

DanFanteLes poèmes de Dan Fante ne seront probablement pas de ceux que vous lirez sur la plage en surveillant distraitement vos enfants du coin de l’œil. Préférez une fin de soirée (pas trop) arrosée ou un après-midi, quand les moutards susmentionnés font la sieste. Et ne vous attendez surtout pas à une exhibition virtuose de figures de style : sans tabou et sans filtre, Fante privilégie la confession brute, préférant les vertus parégoriques de la poésie à ses possibles formels. Ce sont ici les textes d’une vie pas toujours simple qui se trouvent rassemblés, traduisant une relation délicate de l’auteur au monde qui l’entoure et dont il combat l’inquiétante absurdité avec ses petits moyens, sans jamais se départir d’une propension à l’ironie. Comme un extrait, souvent, vaut mieux qu’un trop long métadiscours :

Bref hier soir / après le dîner / et une nouvelle conversation passionnante sur l’assurance maladie / les comptes joints la possibilité de réduire les taux d’intérêt / des paiements par cartes de crédit / moyennant un transfert de soldes / sans parler du budget à dresser en prévision du débarquement / imminent annoncé par ce ballon de basket / qui s’arrondit au-dessus de ton pantalon / de jogging // je suis sorti / histoire d’écouter l’océan / et de respirer l’air de cette nuit de juin / me retenant de dire à haute voix // J’EN AI VRAIMENT RIEN À FOUTRE.

 

Denis Saint-Amand
Juin 2013

Dan Fante, Bons baisers de la grosse barmaid, éd. 13e Note, 2009

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