L’œuvre de Georges Bataille n’est guère aisée à appréhender et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’aura de scandale qui la nimbe peut rebuter le frileux et le prudent. Ensuite, le style de cet écrivain, qui a souvent adopté dans son écriture un parti pris assumé de lourdeur, peut apparaître aux yeux des puristes comme flou, maladroit, voire carrément bancal. Enfin, ses thèmes se situent dans des confins de l’être qu’il s’avère effrayant d’exhiber. Bataille aura été en effet cet homme en perpétuelle confrontation avec les pulsions de l’Éros et du Thanatos, qu’il envisageait toujours en coprésence plutôt que de les distinguer comme des aspects séparés de l’existence humaine.

Dans un essai qui fait aujourd’hui encore office de référence, Michel Surya avait compris que la meilleure façon d’aborder Bataille passait par la prise en compte de la totalité de sa production et des facettes de sa personnalité. On comprend mieux aussi, à le lire, en quoi l’auteur de L’Histoire de l’oeil conçut la débauche comme une expérience contribuant à la dispersion par la négative de l’être plutôt qu’à son affirmation constructive.     

Frédéric Saenen
Juin 2013

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