L’apocalypse a souvent été annoncée mais cette fois, ça y est, la fin des temps est programmée et le décompte final est en cours. Chacun doit s’y préparer comme il peut.  Mais l’enfer est-il équipé pour accueillir la foule immense des damnés ? Lorsque Léon-Joseph Massoulat, syndicaliste implacable de son vivant, arrive aux portes de l’enfer, il ne peut manquer de constater les nombreuses irrégularités, lacunes et négligences. Il va donc s’engager dans un combat tenace autant que minutieux contre l’impéritie des préposés et l’inertie administrative qui règnent là-plus-bas. Ses tracasseries vont-elles finir par gripper les rouages de la machinerie labyrinthique des mythes ? Les infrastructures de la mystique résisteront-elles à la logistique matérialiste ? Le syndicaliste buté sera-t-il saisi du grand vertige de sa condition d’homme face aux abîmes en trompe-l’œil de l’enfer ? Est-ce la lutte finale, le jugement dernier, l’heure du mea culpa ou de la séance d’auto-évaluation critique ? Comment réagiront les autorités suprêmes ? Et quel est le rôle des Femmes dans ce monde et dans l’autre ?

On connaît Jean Claude Bologne, l’historien incisif, l’essayiste rigoureux, le romancier primé. Au moment où le voici académicien,  il se souvient ici que, étudiant à l’ULg, il adaptait, mettait en scène et interprétait farces, soties et moralités médiévales pour le Théâtre universitaire. Dans ces pièces (parfois issues des milieux lettrés), fous et sots parodiaient la comédie humaine puis rappelaient au public hilare que derrière le burlesque des costumes et la vanité des décors la mort nous attend en souriant.

Ainsi, dans le récit de JC Bologne, dérision et gravité se font complices et égarent le lecteur dans le grand bric-à-brac cultu(r)el de l’humanité pour mieux le responsabiliser. Les amateurs perspicaces s’amuseront beaucoup à relever les nombreuses pistes de lecture et allusions, avec la certitude de ne décrypter qu’une partie du rébus.

Aline Koolen
Juin 2013