Amélie Nothomb - Une forme de vie

formevieAh les romans d’Amélie Nothomb ! Leur succès semble les cantonner à un public silencieux, et comme abandonné à lui-même. Laissez-moi vous dire pourquoi j’ai aimé celui-ci.

Amélie Nothomb reçoit de ses lecteurs des monceaux de lettres et s’efforce de donner une réponse à chacune d’entre elles, pourvu qu’elles soient aimables. On ne sait pas si la véritable Amélie Nothomb se retrouve entièrement dans le personnage mis en scène de la sorte ; le personnage public de l’écrivain semble en tout cas permettre de les confondre. Un jour, donc, Amélie Nothomb reçoit la lettre d’un G.I. mobilisé en Irak. Ce G.I. est parvenu à se rendre si obèse qu’il en est devenu inapte au service. S’ensuit un échange de lettres, brèves de la part d’Amélie Nothomb, épanchées du côté du G.I., savamment commenté. Le lecteur se demande parfois dans quelle langue cet échange peut bien avoir lieu, surtout lorsqu’Amélie Nothomb souligne tel ou tel mot français apparaissant sous la plume du G.I. Si sa crédulité en sort à peine amoindrie, le dénouement va toutefois lui donner des raisons de penser qu’il aurait peut-être dû se montrer moins conciliant. Amélie Nothomb — la seule, la vraie — livre en effet avec ce roman une satire fine et joyeuse de l’autofiction.

Sémir Badir
Juin 2013

Amélie Nothomb, Une forme de vie, Le Livre de Poche, 2012

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