Le registre narratif où le roman demeure imbattable, certainement imbattable, c’est celui de la psychologie. Freedom, à ce titre, est extraordinaire : 700 pages d’introspection pure — ou devrait-on dire impure ? Les personnages, de fait, ne pensent qu’à ça. La femme, le mari, l’amant, le fils. Ceux pour qui ça n’est pas moteur (la fille, la maîtresse, la mariée du fils) sont relégués au second plan, privés de discours, puisqu’il n’y a, dirait-on, de pensée que selon le désir.
Heureusement il n’est jamais question de laisser croire que ces personnages puissent ne pas être fictifs : pas de faux-semblants vulgaires, pas de Je ! Le plaisir (souvent le plaisir d’un certain déplaisir) qu’on tire de la fréquentation de leur intimité n’est que celui de notre propre pensée, qui se diffracte et réfracte dans la direction imposée par chacun d’eux.
Ça se passe en Amérique, durant les années Bush jr. Là-bas, hier. Rassuré ?
Sémir Badir
Juin 2013
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