Un divertissement présenté "à l'ancienne"

La montagne apportant sa fraicheur et les pâturages leur sérénité, voilà le décor planté : une scène pastorale pour cette représentation de Guillaume Tell.  Le décor et la machinerie « à l'ancienne », pour un divertissement à lire au second degré.

Cet opéra s’ouvre sur une musique composée d'après un thème populaire suisse. Une Suisse que l’on peut aujourd’hui considérer comme un état indépendant grâce à Guillaume Tell.

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Guillaume Tell et sa femme sont sur le point de célébrer l’union de leur fille Marie à Melktal. Soudain, une terrible nouvelle vient perturber les réjouissances : le père de Melktal, qui avait été chargé par Gessler de récolter des impôts, a exprimé son désaccord. Gessler lui a alors crevé les yeux. Horrifié, Tell décide alors de le venger. Lorsque Marie arrive sur la place du village, Melktal doit lui annoncer que son père, Guillaume, refusant de se soustraire à l’autorité, a été arrêté par les hommes de Gessler. Alors que la femme de Tell et ses enfants supplient le tyran d’épargner la figure paternelle, à l’unisson, tous viennent vanter les qualités d’archer de Guillaume Tell. Gessler accepte de le laisser à condition qu’il touche, de la pointe de sa flèche, une pomme posée sur la tête de son fils. Bien qu'il y soit parvenu, Tell est tout de même arrêté lorsque Gesler comprend qu’une seconde flèche lui était destinée. La femme de Tell exprime tout son désespoir jusqu’au moment où son fils vient lui apprendre que son père a pu se soustraire à la vigilance autrichienne. Lorsque Gesler retrouve Guillaume Tell celui-ci l’abat d’une seule flèche. Vient ainsi le temps de célébrer la libération.

Tell1-450Depuis le début de cette saison, les spectateurs de l’Opéra Royal de Wallonie fraîchement rénové ont pu apprécier une machinerie imposante permettant de réaliser des spectacles à haut potentiel technique. Pour cette mise en scène, il s’agit au contraire de reconstituer un théâtre ancien afin de permettre au public actuel de se retrouver dans une position semblable à celle du spectateur du 18° siècle. Dans cette mise en abîme du théâtre, il revient au spectateur de se laisser aller à la magie qu’apporte une scénotechnie à l'ancienne : des châssis sur roulettes représentant la campagne helvète, un mur du lointain couvert d’une toile peinte représentant une montagne majestueuse, des tambours comme mécanisme permettant de commander à l’aide de cordes l’entrée et la sortie des éléments de décors par des marins (comme l’usage le voulait) et une rampe d’éclairage ancienne à l’avant de la scène.

Le personnage de Tell apparaît comme un époux et un père de famille aimant, avant d’incarner le porte-drapeau de la libération suisse. Quant à son épouse, une femme forte voulant à tout prix protéger sa famille, son lyrisme est à la hauteur de son amour. L’importance des chœurs quant à elle, exprime la nécessité de l’union de tout un peuple, motivé à suivre Guillaume Tell dans son combat pour l’indépendance.

Malgré le fond tragique de cet opéra, le parti pris est d’en faire un divertissement. Les couleurs y sont chatoyantes et les corps « chantants ». Ironie, clins d’yeux et second degré font partie du jeu, de même qu’une exagération parfois poussée à l’extrême dans le but de de rendre amusants les comportements des personnages.

Grétry était un fidèle de l’opéra-comique, le spectacle qui est présenté en cette fin de saison n’y déroge pas. Les airs sont vivants et, même dans les situations plus tendues, ceux-ci n’appesantissent pas le côté dramatique de la scène. Guillaume Tell prévoit quelques surprises pour ses spectateurs. Une production destinée à faire sourire et offrir au public un moment agréable.

Sylvie Grégoire
Juin 2013

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Sylvie Grégoire est étudiante en 1re année de master en Arts du spectacle.