À ceux qui redouteraient un été meurtrier sur le plan météorologique et ne sauraient que choisir entre la tournée infinie des pages et l’accroissement du temps passé devant leur écran, ce petit essai de Serge Tisseron par chez Manucius, Du Livre et des Écrans, Plaidoyer pour une indispensable complémentarité, pourrait bien fournir un prologue essentiel. À l’heure où le seul mot numérique nous assaille de toutes parts et récupère les fonctions magiques du chemin de fer et du minitel, de la brillantine et du pin’s à une autre époque, Serge Tisseron nous rappelle les vertus du matériel et de l’immatériel. Les principes ici rapidement énoncés pâtissent évidemment du caractère mesuré de tout discours fondé sur la modération et ne trouveront de crédit chez les technophiles en attente d’implant d’un port USB, pas plus que chez les néo-luddites nostalgiques de La Guerre du feu. Cet entre-deux pourrait bien apparaître, néanmoins, comme le discours de la maturité et s’imposer en cela comme une pensée en avance sur son temps. Contexte estival oblige, si météo permet, on regrettera que l’essai ne fasse pas allusion aux attraits du sport, du bricolage, du jardinage et du grand air, mais ces pistes de réflexion trouveront sans doute à se développer dans une recherche ultérieure.

Tanguy Habrand
Juin 2013

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