Jean-Philippe Jaworsky - Gagner la guerre

guerre

Ce roman d’aventure commence là où les autres se terminent. Des quartiers sombres aux somptueux palais de Ciudalia, de la vermine aux puissants, il nous présente la face cachée de la victoire dans ce qu’elle a de plus dégoulinant : les usages de la victoire. Petite frappe au cœur d’un système politique intégralement corrompu, Benvenuto Gesufal nous décrit avec une gouaille imparable les manigances du pouvoir et les siennes. Rien ne distingue en effet le petit des Grands sur ce point et ce n’est qu’à la faveur du travail minutieux de Jean-Philippe Jaworsky qu’un tel individu, instrument du pouvoir qu’il instrumentalise à son tour, rejoint le panthéon des crapules adorables dont on applaudit sans exception les méfaits. Figure de la totale indignité et de la causerie intarissable, Benvenuto Gesufal apparaît ainsi, à bien des égards, comme un repoussoir ultime à la loyauté désespérée, au calme et à la pudeur d’un Capitaine Alatriste, dont les aventures contées par Arturo Pérez-Reverte pourront constituer un excellent complément. Gagner la guerre nous livre le meilleur de la Fantasy et des littératures de l’imaginaire en faisant la part belle aux intrigues et à l’aventure, en distillant créatures et magie avec parcimonie, en ne manquant jamais, entre deux raclées flanquées ou reçues, de se montrer philosophe à travers le bavardage d’un personnage formidablement égocentrique.

Tanguy Habrand
Juin 2013

Gagner la guerre, Jean-Philippe Jaworsky, Paris, Gallimard S, 2011

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