José Saramago - L’aveuglement

aveuglementUn  automobiliste s’arrête à feu rouge. Et subitement devient aveugle. Une cécité inconnue où il voit blanc et pas noir. Puis, les personnes qui s’occupent du « premier aveugle » seront atteintes aussi soudainement que lui, puis les personnes en contact avec elles, et ainsi de suite. Les autorités, effrayées, mettent en quarantaine les premiers cas, dans un bâtiment désaffecté. On les observe tenter de (sur)vivre dans cette promiscuité insupportable, où se révèlent des personnalités effrayantes, et des conditions de vie toujours plus épouvantables. Quand le monde entier est touché par le « mal blanc », une seule femme y échappe, une femme clairvoyante, qui va tenter de trouver des solutions aux problèmes humains au moins autant qu’aux difficultés pratiques du quotidien, au moins pour ses compagnons de chambrée.

L’Aveuglement de José Saramago (Prix Nobel de littérature 1998) ressemble à une allégorie, une réflexion sur l’humanité, avec d’ailleurs de nombreux jeux de mots utilisant le verbe voir. Un texte dense, écrit « au carré », sans retour à la ligne, même pour les dialogues.  Des personnages sans nom. Des situations et événements, quelquefois très durs, décrits avec distance et neutralité, mais aussi avec cynisme et humour.

Extrait

En s’offrant à aider l’aveugle, l’homme qui vola la voiture après n’avait aucune mauvaise intention sur le moment, bien au contraire, il n’avait fait qu’obéir à ces sentiments de générosité et d’altruisme qui sont, comme chacun sait, deux des meilleurs traits du genre humain, que l’on peut trouver même chez des criminels bien plus endurcis que celui-ci, simple petit voleur d’automobiles, sans espoir de promotion dans sa carrière et exploité par de véritables patrons de ce négoce qui eux, en revanche, profitent de la détresse des pauvres. En fin de compte, ce compte-ci ou un autre, la différence entre aider un aveugle pour le voler ensuite et s’occuper d’un vieillard gâteux et bredouilleur en lorgnant son héritage n’est pas si grande.

Claudine Simart-Purnelle
Juin 2013

L’aveuglement, José Saramago, Éd. Points (traduit du portugais par Geneviève Leibrich)

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