Pierre Girard - Othon et les sirènes

othonOthon et les sirènes du Genevois Pierre Girard (1892-1956) nous transporte dans une atmosphère voisine de celle de Jean-Pierre Martinet, cruauté et folie en moins. Revenu séjourner dans la « pension Rothmer » qui l’avait accueilli trois ans auparavant, un jeune homme que l’on suppose répondre au prénom d’Othon égrène les flirts et finit par découvrir la passion à travers les personnages féminins qui hantent ce lieu improbable. Dit ainsi, cela ne casse pas des briques. Mais il suffit de s’installer dans la petite musique de Girard – ce qui vient très vite à peine franchi le premier paragraphe – et de se laisser porter au gré des scènes aux demi-teintes surréalistes qui ponctuent sa narration. La prose de Girard est une rareté. Émaillée de métaphores inattendues qui font mouche à chaque coup, elle envoûte du dedans et vous possède moins par la force que par son charme très délicat. Les péripéties passent donc rapidement au second plan et cèdent le pas à l’amble des mots qui sautillent, de l’ironie au doux-amer, du cocasse à la lucidité drue. Et dire qu’il est des scribouillards qui en une vie n’arrivent pas à torcher une phrase comme il en foisonne par dizaines dans ce mince volume !

Frédéric Saenen
Juin 2013

Pierre GIRARD, Othon et les sirènes, L’arbre vengeur, 80 pp., 9 €.

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