C’est l’histoire du jeune Augustin Lajus, quatorze ans, en prise avec son « mauvais ange », Juredieu. Juredieu… L’ami que tout garçon un peu gauche et timoré aurait aimé avoir dans sa jeunesse, pour se donner le courage de faire les quatre cents coups (réveiller les chauffeurs de taxi assoupis en claquant leurs portières, exploser à coup de pavé la vitre du bistrot où l’on vous a refusés, peloter des filles interchangeables dans les cinémas de quartier, finir la nuit encagé au commissariat en attendant que papa vienne vous en extirper). Entendons-nous, Augustin n’a rien d’une graine de voyou. Il se fait juste que l’harmonie du foyer parental – oscillant entre les attentions d’une mère trop douce et d’un père trop patient à expliquer les diverses ouvertures d’une partie d’échecs – lui pèse, l’ennuie. Avec Juredieu, on court les rues, les jupons et maints risques. On fait le mur, on fume, on crache de vilains mots, on s’enferme dans une roulotte rebaptisée le Nautilus, on s’en prend à plus fort et plus malin que soi, sinon c’est pas drôle... On casserait la gueule à tout l’univers. Puis le temps œuvre. La sacro-sainte amitié révèle ses failles, et le jeu ses limites. La confiance s’ébrèche, quand surgit la concurrence de la passion amoureuse ; le grand frère s’avère plus qu’à son tour manipulateur, pas nécessairement bien intentionné, et doué d’un sens du partage tout relatif. Autant le perdre de vue, aller jusqu’à le haïr, avant de le retrouver brièvement, pour un final dont l’apothéose tragique marque l’entrée dans l’âge adulte.
Frédéric Saenen
Juin 2013
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