Herman Koch - Le dîner

dinerUne couverture bleu vif avec un homard orange présenté sur une assiette également bleue : les couleurs sont tellement criardes que ce dîner ne nous met guère en appétit… C’est aussi l’état d’esprit du personnage principal de ce roman de Herman Koch. Ce soir, Paul Lohman se rend avec sa femme dans un restaurant branché d’Amsterdam. Il y a rendez-vous avec son frère, Serge, et sa femme Babette. Le repas structure d’ailleurs le roman dont les différentes parties sont intitulées : apéritif, entrée, plat principal, dessert, pousse-café. Toute l’action se déroule donc dans un même lieu, en l’espace de quelques heures. La dernière partie du roman s’intitule « pourboire » et constitue l’épilogue.

Le peu d’appétit de Paul Lohman peut s’expliquer de différentes façons : il déteste ce type de restaurant très cher et à la réputation surfaite, où les portions sont minuscules et les explications du gérant aussi longues qu’un jour sans pain. Il n’apprécie pas particulièrement son frère qui est un politicien en vue et qui exploite habilement toutes ses apparitions publiques. Et enfin, si son frère l’invite, c’est qu’ils doivent aborder un sujet pénible : leurs fils respectifs, Rick et Michel, se sont rendus coupables de ce qu’il est convenu d’appeler « une grosse bêtise » mais qui est en fait un acte horrible. Ces deux visions d’un même acte commis par des adolescents en goguette constituent l’enjeu du roman : quelle doit-être l’attitude des parents ? Doivent-ils protéger leurs enfants envers et contre tout et cacher la vérité à la police ? Ou doivent-ils inciter leurs enfants à se dénoncer, quitte à hypothéquer gravement leur avenir ?

Tout en exposant ce dilemme moral, Herman Koch évoque une vie familiale où les moyens de communication actuels (téléphone mobile, Internet et YouTube) jouent un rôle essentiel et où les parents sont confrontés dans leur rôle d’éducateur à des problèmes de société qui souvent les perturbent eux-mêmes. Het diner, qui  a connu un succès phénoménal aux Pays-Bas, est aussi une description sans concession d’une société néerlandaise où la famille (mais quelle famille !?) semble constituer l’ultime valeur refuge.


Lutgarde Nachtergaele
Juin 2013

Het diner, Herman Koch, Éditions Anthos , Amsterdam, 2009
Paru en traduction française en 2011 chez Belfond (traduit par Isabelle Rosselin)

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