Paul Auster - The New York Trilogy

nytrilogyThe New York Trilogy de Paul Auster est une œuvre qui a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre. Cela est peut-être dû à sa forme, cet ensemble de trois romans City of Glass (1985), Ghosts (1986) et The Locked Room (1986) à la fois indépendants et pourtant liés par leur caractère métafictif et hautement intertextuel. Cette trilogie est aussi devenue l’objet de nombreuses études en raison de son innovation propre à la littérature dite « postmoderne ». En effet, les trois histoires mettent en scène des enquêtes – des quêtes – régies non par le raisonnement et le pouvoir de déduction de l’enquêteur, mais plutôt par le hasard ; des circonstances qui conduiront le détective dans les méandres d’une ville labyrinthique. Cette « cité de verre » n’est pas faite de transparence mais bien de miroirs, de réflexions qui toujours renvoient l’image de fantômes, tantôt littéraires (Poe, Hawthorne, Cervantes, Thoreau, Whitman), tantôt des personnages eux-mêmes.

La ville se transforme en un texte que le détective a toutes les peines à déchiffrer et à retranscrire dans son « carnet rouge ». L’investigation est une quête de connaissance qui ne peut connaitre de fin. C’est aussi la recherche d’une identité, des fondements de l’être cachés dans « une pièce fermée » (Poe : « The Murders in the Rue Morgue ») mais qui ici se situe métaphoriquement à l’intérieur de celui qui désire en trouver la clé. C’est donc une quête métaphysique vouée à l’échec dans une littérature rongée par le doute qui questionne toujours un peu plus la notion de savoir, non pas en posant la question « que peut-on connaître? » mais bien « peut-on savoir ? ». À l’image du protagoniste de City of Glass – Quinn, auteur de romans policiers sous le pseudonyme de « William Wilson » et devenu détective sous le nom de « Paul Auster » – le lecteur se voit entraîner dans une œuvre faite de sous-textes, d’identités diverses qui, comme les vitres new-yorkaises, ne laissent pas filtrer le sens, la solution finale toujours opaque à l’œil humain.

Antoine Dechêne
Juin 2013

The New York Trilogy, Paul Auster, Faber & Faber, 2011
Trilogie new-yorkaise, Paul Auster (trad. de l'américain par Pierre Furlan), Éd. Actes Sud, 2003

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