Moi Oreste ayant égorgé ma mère, de Sébastien Monfè

 Moi, Oreste, ayant égorgé ma mère… est le premier spectacle du metteur en scène Sébastien Monfé.  Il se joue à l’espace Georges Truffaut.  Ce spectacle fait le choix surprenant de s’appuyer sur un texte mythologique.  Cependant, iladjoint à ce côté classique une  mise en scène moderne.

D’un côté, il y a donc une tragédie antique, celle d’Oreste, fils d’Agamemnon, dont la mère a ouvert son lit et de ce fait la cité toute entière, à l’ennemi de son défunt mari.  Le jeune Oreste se voit alors obligé par le dieu Apollon de venger son père en tuant sa mère.  Au travers de ce récit et de son traitement scénique, le metteur en scène Sébastien Monfé fait le choix d’une forte présence du texte au sein de sa pièce et évoque le classicisme d’antan. Malheureusement, cette présence se fait trop lourde et l'oreille du spectateur décroche assez rapidement.  L'histoire d'Oreste est lointaine et le metteur en scène la divise en trois parties, ce qui rend la compréhension de l'histoire décousue. 

oreste© Sébastien Monfé

D’un autre côté, le spectacle s’appuie sur une mise en scène très contemporaine.  Le décor est brut, composé de matériaux de construction.  Les personnages sont vifs, ils ne cessent d’interroger le public de regards perçants et de le choquer par un comportement particulièrement libéré – Apollon réserve quelques surprises, les statuts professionnels des membres de l’équipe artistique sont interchangeables, et les techniciens viennent travailler directement sur la scène durant la représentation.

La mise en scène est donc moderne mais elle est également légèrement chaotique.  Malgré des démarches intéressantes telles que le maintien en lumière du public qui rappelle à ce dernier son appartenance au processus théâtral et le travail en pleine représentation des techniciens de plateau pour montrer l'envers du décor, la mise en scène a ,dans son ensemble, un goût de trop peu.  Des micros sont sur scène pour être à peine effleurés par le chant et inutile à la voix ; Apollon, le personnage fort de la pièce, ne reste que quelques instants sur scène et, de la même manière, une myriade de comédiens semblent passer pour ne dire que quelques phrases. 

Au travers de ces différentes provocations envers les codes traditionnels du théâtre, Sébastien Monfé interroge le public et le théâtre sur leur position dans la société actuelle. Car, au final, en toile de fond de cette pièce, c’est la tragédie contemporaine qui tente de s’exprimer.  Portée visuellement par un immense drapeau de la Grèce, la situation économique mondiale veut se faire entendre. Le sujet est juste et d'un grand intérêt,  malheureusement, il a du mal à se faire porter.


Maureen Dervaux
Avril 2013

crayongris2Maureen Dervaux est étudiante en 2e année de master en Arts du spectacle, finalité Spectacles et images numériques.

 


 

« Moi, Oreste, ayant égorgé ma mère… » d’après Euripide

Mise en scène et adaptation Sébastien Monfè
Avec Salvatore Calcagno, Laurent Caron, Cécile Chèvre, Sophia Leboutte, Estelle Marion, Sébastien Monfé, Lotfi Yahya