La mobilité liégeoise, sujet actuel
Une autre raison de se sentir concerné par l’événement : Cité Mobile s’inscrit réellement dans l’actualité. Depuis quelques années déjà se met en place un projet de transport en commun performant à Liège : le tram. Ce projet est aujourd’hui piloté par un acteur régional, la Société Régionale Wallonne du Transport (SRWT). Si elle apporte son soutien au dossier, la Ville de Liège ne porte pas de véritable projet urbain en liaison avec le tram comme on a pu le voir dans des villes comme Nantes ou même Valenciennes, explique Jacques Teller, Professeur d’Urbanisme et aménagement du territoire à l’ULg. Le tracé a été ramené à un axe en fond de vallée qui reliera Sclessin à Coronmeuse en passant par les Guillemins et la Place Saint-Lambert. Le second axe perpendiculaire à ce dernier, et qui devait relier Ans à Chênée, a été abandonné et on peut s’interroger sur l’impact du tracé actuel sur la mobilité en ville. Toutes les lignes de bus devront en effet être « rabattues » sur cet axe unique, ce qui risque de multiplier les temps d’attente aux correspondances. L’Université de Liège est très peu informée du projet, déclare Jacques Teller. Cela représente un problème pour l’Institution puisque les étudiants du Sart Tilman sont très dépendants des TEC : « La perspective de voir le 48 ou 58 rabattu sur la ligne de tram pourrait mener à des temps de déplacement plus importants qu’à l’heure actuelle. » La question de l’impact du tram sur l’attractivité de l’Université a d’autant plus d’importance que, selon Jacques Teller, « les sites de l’UCL et de l’ULB sont déjà bien plus accessibles que le campus du Sart Tilman et le seront encore bien davantage à la suite de la mise en œuvre du futur réseau express régional autour de Bruxelles (RER). »
Avec ce projet de tram se pose également la question de l’organisation de la mobilité en ville. Selon Jacques Teller, la Cité ardente souffre d’un retard considérable en la matière. L’implantation de modes de transports en commun de type tram s’y fait avec 10 à 15 ans de retard par rapport notamment aux villes françaises de même importance. Qui plus est, le système est pensé indépendamment des autres modes de mobilité, alors que l’intermodalité constitue une des principales faiblesses du système de mobilité des personnes à Liège. Le système de bus y est en effet performant. La ville dispose d’une gare TGV spectaculaire. Les espaces piétonniers y sont développés de longue date et le Ravel joue un rôle important pour l’attractivité de la ville. C’est bien le manque de coordination entre ces différents modes de déplacement qui pose problème aujourd’hui. Cela est dû au nombre élevé d’opérateurs, affirme Jacques Teller. Selon lui, « Liège a des difficultés pour imposer une vision commune sur la mobilité (…), mais la concertation restera difficile tant qu’il n’y aura pas une force suffisamment crédible et organisée qui représente l’ensemble de l’agglomération devant les grands opérateurs de mobilité, qu’ils soient régionaux ou nationaux ».
Pour l’avenir, la ville doit donc résoudre ce problème d’interconnexion entre modes de déplacement, mais d’autres enjeux entrent aussi en compte. Jacques Teller en soulève au moins trois. L’augmentation des prix du pétrole et les émissions de gaz à effets de serre constituent un enjeu crucial dans ce domaine. Les transports sont aujourd’hui très dépendants des combustibles fossiles. Le moteur électrique pourrait être une alternative, mais ne se substitue pas totalement aux véhicules à essence ou moteur diesel. « Ce premier enjeu est lié à la question de la ressource énergétique, au coût de la mobilité et à la façon dont va se modifier le territoire pour s’adapter aux nouveaux modes de transports ». Ensuite, la question du confort des déplacements devient un paramètre de plus en plus important pour l’attractivité sociale et économique de nos villes. De ce point de vue, la qualité du tram est nettement supérieure aux bus ou aux métros, en terme de confort ou de sonorité. Il induira ainsi un rapport différent à la ville. Enfin, la question de la santé est amenée à prendre une place de plus en plus importante dans notre réflexion sur la mobilité, tant pour la qualité de l’air en ville que par rapport à l’impact de modes de vie trop sédentaires sur notre santé. Jacques Teller considère ainsi que « même s’il s’agit du plus vieux mode de transport, rendre la marche à pied plus attrayante est fondamental en terme de santé publique et d’attractivité des quartiers urbains ».
Margaux Leroy
Avril 2013
Margaux Leroy est étudiante en1re année de master en information et communication, finalité spécialisée Journalisme
Exposition Cité Mobile
Musée des Transports en commun du Pays de Liège
Rue Richard Heintz 94020 Liège
+32 (0)4 361 94 19
info@musee-transports.be
http://www.musee-transports.be
Le musée est ouvert du 1er mars au 30 novembre
en semaine, ouverture de 10h à 12 h et de 13h30 à 17 h
les week-ends et jours fériés, ouverture de 14h à 18h
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