Les Cités Obscures de Schuiten et Peeters lauréats au Japon
Les Cités Obscures est la première bande dessinée européenne à recevoir le Grand Prix dans la catégorie manga au Japan Media Art Festival.

Le Japan Media Arts Festival est un festival multimédia (les arts de la scène, le dessin animé, les arts numérique et la bande dessinée/le manga) organisé chaque année depuis 1997 par l'Agence pour les Affaires culturelles du Japon et l'association CG-Arts. Le Grand Prix de sa 16e édition a été pour la première fois décerné à une bande dessinée européenne, Les Cités Obscures de François Schuiten et Benoît Peeters, éditée chez Casterman depuis 1983. Quatre cent cinquante-huit bandes dessinées et mangas étaient en compétition. L’album primé est publié chez Shogakukan-Shueisha Productions Co.

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Cette œuvre est jugée «atemporelle» et «sublime» par le jury nippon dans le texte où il justifie son choix. «Avant de nous déclarer fiers de la place du manga japonais dans l’univers de la bande dessinée, nous ferions mieux de nous informer du niveau de la bande dessinée dans le reste du monde, peut-on y lire. Il s'agit d'un travail qui mérite d’être connu. C'est une de ces créations rares qui procurent à la fois le plaisir de rencontrer une culture étrangère et la joie de partager quelque chose qui transcende les différences culturelles.»

«C’est la première fois que des auteurs non Japonais reçoivent ce prix, se réjouit Benoît Peeters. C’est vraiment une reconnaissance au milieu des mangas et non dans une catégorie de BD étrangères. Peu de bandes dessinées sont traduites en japonais et, quand elles le sont, c’est toujours de manière un peu marginale, comme des objets de curiosité. Or la nôtre est traduite et publiée avec soin. Le volume primé regroupe trois histoires (La Fièvre d’Urbicande, La Tour et L’Enfant penchée) plus quelques suppléments. L’ensemble fera quatre volumes, le deuxième est déjà paru, les deux autres paraîtront en 2013. Ce sont des albums, épais, assez luxueux et chers, presque des livres d’art. La lecture se fait à l’occidentale, les Japonais sont à ce point de vue plus souples que nous, et le format est très légèrement réduit. C’est la plus belle édition étrangère que l’on ait jamais eue.»

«Cette publication est le fruit de toute une évolution, d’un travail assez lent, de gens qui en ont parlé. Un morceau d’histoire était paru déjà dans une revue. Et puis les temps changent. Je crois que la bande dessinée devient de plus en plus mondiale, même si le Japon a été longtemps très résistant à la BD internationale. Apparemment, les digues sont en train de craquer.»

Schuiten et PeetersFrançois Schuiten et Benoît Peeters, qui se sont rendus au Japon en octobre dernier pour des rencontres et colloques, iront chercher leur prix en février prochain. Ce sera l’occasion pour eux de présenter une exposition d’envergure consacrée à leur travail.

Benoît Peeters vient de publier un livre d’entretiens avec l’auteur de mangas japonais Jiro Taniguchi, L’Homme qui dessine. (Casterman)

Le Japan Media Arts Festival a également décerné un Prix d’Excellence à la traduction de Muchacho du Français Emmanuel Lepage (Dupuis).

François Schuiten, Benoît Peeters et l'équipe des édions ShoPro

 

Michel Paquot
Décembre 2012

 

crayongris2Michel Paquot est journaliste indépendant

microgrisBenoît Peeters  enseigne la pratique de l'édition dans le Département d'Information et Communication.