Tarzan the Ape Man (1932) comporte des scènes d’action d’une violence impressionnante. Le film marque aussi par son érotisme malgré l’application du coercitif code Hays (Tarzan ne dissimule plus sa nudité que d’un simple pagne). Enfin, pour la première fois, les spectateurs peuvent entendre le cri poussé par Tarzan. Celui-ci ne sort pas de la gorge de l'acteur, mais a été créé par le technicien Douglas Shearer. Il utilise un yodel autrichien, diffusé à l’envers et en accéléré. Le film connaît un immense succès et, à ce jour, Weissmuller est sans doute encore l’acteur à qui le public identifie le plus le personnage de Tarzan (il l’incarne à l’écran 12 fois, avant de connaître un triste destin). La série gagnera encore en érotisme (l’effeuillage de Maureen O´Sullivan dans la célèbre scène de baignade de Tarzan and his Mate de Conway et Gibbons en 1934) et en violence, notamment sous la caméra de l’efficace Richard Thorpe. Jugé plus effrayant que les films d’épouvante de l’époque, Tarzan Escapes (1936) doit être remonté pour rendre le film accessible aux enfants.

Ces films ne concernent que très peu Burroughs, déçu de la plupart des interprètes, mais aussi du contenu des films. Contrairement à ses romans, Tarzan y parle très mal l’anglais, les personnages secondaires sont dépourvus de fantaisie, les récits se cantonnent à la répétition d’aventures identiques, ignorant les idées fantastiques qui émaillent les livres. Enfin, l’imagerie colonialiste qui soutient ces films l’embarrasse probablement. Il nourrit alors le projet d’une production indépendante qu’il pourrait contrôler, tout en surveillant le travail des grands studios.
Durant la production de Tarzan Finds a Son (Thorpe, 1939), Maureen O’Sullivan informe la MGM qu’elle souhaite mettre fin à son contrat. Suivant l’avis de la production, le scénariste Cyril Hume imagine la mort de Jane. Alerté, Burroughs menace la MGM d’un procès retentissant si Jane ne survit pas au film. La belle restera saine et sauve, à la grande satisfaction de l’actrice, revenue sur sa décision. Elle tournera encore dans Tarzan’s Secret Treasure (Thorpe, 1941) et le délicieusement saugrenu Tarzan’s New York Adventure (Thorpe, 1942). Weissmuller tournera encore six films, mais sans sa Jane, incarnée désormais par Brenda Joyce, dont le physique est aux antipodes de la Jane de Burroughs qui ne s’en formalise même plus. Weissmuller affrontera encore les femmes léopard, les sirènes et autres amazones sous la direction, entre autres, de Kurt Neuman.


Tarzan finds a son - Tarzan's New York Adventure
De son côté, durant les années 30, Burroughs crée sa propre société (« Tarzan Burroughs entreprises ») afin de reprendre le contrôle cinématographique de son personnage. Il trouve en Herman Brix, champion olympique du lancer du poids, un Tarzan enthousiasmant. Le tournage de New Adventures of Tarzan est entrepris en 1934 au Guatemala. Il s’agit d’un serial en 12 épisodes réalisé par Edward Kull. Étonnamment, le scénario, écrit par un groupe d’auteurs hollywoodiens, n’entretient que peu de rapports avec les péripéties initiales de Tarzan. Cependant, l’esprit de la fiction s’y retrouve bel et bien. Brix signe pour une seconde production Tarzan and the Green Goddess (Edward Kull, 1938) et change de nom au passage : il sera désormais Bruce Bennett pour faire oublier ses origines allemandes. En dépit du succès de ces serials, Burroughs ne pourra aucunement rivaliser avec les moyens de production des grands studios.


Herman Brix - Lex Barker