L’église Saint-Jean l’Évangéliste à Liège

CDP138La contribution de Kevin Schmidt, doctorant en histoire de l’art à l’ULg, dédiée à l’église Saint-Jean-L’Évangéliste, replace au centre de l’attention cet édifice majeur de l’histoire liégeoise trop souvent négligé.

StJean (c) Alexandre AlvarezFondée par l’évêque Notger au 10e siècle, l’église Saint-Jean compte parmi les premières constructions du quartier de l’île. Durant les périodes médiévales et modernes, l’édifice était dirigé et entretenu, comme les autres collégiales, par un groupe de chanoines dont certains ont, d’ailleurs, été de grands savants (Simon de Couvin au 14e siècle, Jean Ciconia au tournant des 14e  et 15e siècles).

L’esthétique atypique de la collégiale, avec sa construction octogonale surplombée d’un dôme – clin d’œil à la cathédrale d’Aix-La-Chapelle –, précédée d’une tour rectangulaire de l’époque romane et de ses deux tourelles, lui a valu d’être qualifiée par Napoléon de « chameau bossu » ! Si l’édifice est aujourd’hui très différent de celui qui était sur pied à l’époque de Notger (sauf la tour occidentale remontant au 11e siècle -  la collégiale a en effet presque entièrement été reconstruite au 18e siècle -, plusieurs éléments datant des siècles précédents ont subsisté, comme les nombreuses pierres tombales de chanoines ou de laïques couvrant les murs des différentes ailes du cloître. La décoration intérieure de l’église, entièrement modifiée au 18e siècle, se partage entre des éléments d’inspiration baroque et une tendance néoclassique.

Il faut souligner la beauté du pavement de l’église, dont les motifs géométriques noirs et blancs se juxtaposent jusqu’à dessiner une rosace au mouvement vertigineux. Autre merveille : le plafond du dôme de couleur bleu clair et recouvert d’étoiles dorées, au centre duquel a été réalisée une représentation de l’Assomption par le peintre liégeois Jean Latour (mort en 1782). L’église regorge également de remarquables pièces ornementales et mobilières : statues de plâtre ou de bois et tableaux de sculpteurs et peintres célèbres, autels et maître-autel de marbre sculpté, sans parler des pièces d’argenterie qui composent son trésor. Envisageant à la fois son histoire, ses éléments architecturaux et sa place contemporaine dans l’espace urbain, cette présentation de l’église Saint-Jean-l’Évangéliste nous invite à reconsidérer une des merveilles du patrimoine liégeois qui nous entourent et à passer la porte d’un édifice duquel un œil habitué sans être averti se détourne souvent trop vite.

 

pavement (c) Guy Focant SPW Notger
Pavement de l'église © Guy Focant -SPW  -  Statue de Notger (détail)  œuvre de Cornelis Vander Veken, sise dans le chœur de l’église ©Flamenc

 

Camille Bourgault (c)crmsf
Esquisse de l’architecte Camille Bourgault. Liège, Centre d’Archives et de Documentation de la CRMSF, fonds de la Ville de Liège, dossier CBA. 1, n° 27.© CRMSF
 

Héloïse Husquinet
Juin 2017

 

crayongris2Héloïse Husquinet est historienne et journaliste indépendante.

 


 

 

Alexandre Alvarez et Kevin Schmidt, L'église Saint-Jean l'Évangéliste, Insitut du Patrimoine wallon, Carnets du Patrimoine n°138, 2017.